Cela sonne comme un désaveu. Bruno Le Maire a indiqué le 2 mai qu’il allait convoquer Jean-Pierre Farandou dans les prochains jours pour « qu’il rende des comptes » suite à l’accord sur les fins de carrière. Selon le ministre de l’Economie et des finances, cet accord signé le 22 avril n’est « pas satisfaisant« , pis il est « provoquant« .
Interrogé sur BFM/RMC, il a indiqué avoir « en partie, avec d’autres, la tutelle de la SNCF, notamment la tutelle financière« . Et il a poursuivi : « Un accord est signé qui engage effectivement les équilibres de la réforme des retraites et les équilibres financiers de la SNCF. Je n’ai pas été averti« . Le ministre veut demander au PDG de la SNCF « comment il finance et accord« , qui pose, selon lui, « des problèmes financiers« .
« Scandalisé » par les propos du ministre, Didier Mathis s’est de son côté interrogé dans un tweet sur « les plans de départ des grandes entreprises telles qu’Orange, Stellantis, Michelin ou Renault qui ont proposé des plans de départ de fin de carrière payés par les Assedic où les salariés vont toucher 72 % de leur salaire… » Autrement dit, ces plans sont financés par les contribuables français, souligne le secrétaire général de l’Unsa Ferroviaire.
Interrogé par VRT, Didier Mathis rappelle que le ministre des Transports Patrice Vergriete, qui a également la tutelle sur la SNCF, a validé l’accord. « Les deux ministres devraient parler d’une seule voix« , commente le syndicaliste qui pointe une opposition totale entre les deux. Selon lui, « la SNCF ne fait rien sans en informer le ministère des Transports et celui des Finances et de l’économie…« .
Didier Mathis rappelle également que Emmanuel Macron avait indiqué, suite à la loi sur le nouveau pacte ferroviaire, que la SNCF devait être une entreprise comme une autre. Et donc qu’elle doit gérer elle-même ses propres accords. « On voit bien que la SNCF ne sera jamais une entreprise comme une autre« , en conclut-il.
Enfin, il dément un contournement de la réforme sur les retraites qui serait permis par cet accord. « Les agents partent à l’âge de l’annulation de la décote, donc trois ans plus tard que l’âge d’ouverture des droits. A partir de la génération 1972, l’âge de l’annulation de la décote atteindra 62 ans« .
Selon lui, le contexte des élections européennes explique la sortie du ministre des Finances. « Bruno Le Maire, qui est sous le feu des critiques, souffle du côté du vent. Une grande partie des Français ne maîtrisent pas le sujet sur les fins de carrière des cheminots, c’est aussi le cas d’une partie des journalistes... »
Reste que cet épisode tombe mal alors que le gouvernement doit se prononcer d’ici quelques jours sur la reconduction (ou pas) du mandat de Jean-Pierre Farandou à la tête du groupe SNCF.
MH P