Dans un contexte toujours difficile l’an dernier, avec une forte inflation et la hausse des prix de l’énergie, Keolis a enregistré des « résultats financiers maîtrisés« , avec pour mot d’ordre « une croissance sélective« , a résumé Marie-Ange Debon, la PDG, en présentant le 14 mars les comptes de l’entreprise. »Les effets inflationnistes pèsent sur la rentabilité du groupe« , a indiqué de son côté Christelle Villadary, la directrice financière.
L’opérateur de transport public, détenu à hauteur de 70 % par la SNCF et à 30 % par la Caisse de dépôt et de placement du Québec, affiche ainsi un résultat net part du groupe légèrement positif, à 10 millions d’euros, « malgré les charges financières« , mais en baisse par rapport à 2022 (il avait alors atteint 48 millions d’euros).
Année de conquête
2023 est aussi définie par la PDG du groupe comme « une année de conquête en France et à l’international« . Sur le marché domestique, « la plupart de nos clients nous ont fait confiance et ont renouvelé largement leurs contrats« , a souligné la dirigeante, citant entre autres, Vesoul, Beaune, Dole, Bourg-en-Bresse…
En Ile-de-France, Keolis a remporté les tram-trains T4 et T11 ainsi que la branche Esbly-Crécy de la ligne P, et lancé le T12. L’entreprise a aussi gagné les lignes 16 et 17 du Grand Paris Express. Et elle a « pris en main » la station Saint-Denis Pleyel avec l’objectif de l’ouvrir en juin, juste avant les JO, même si des travaux sont encore en cours gérés par la SGP.
Côté bus, elle s’est vue confier 11 lots en grande couronne sur les 37 ouverts par IDFM. Sa part de marché est passé de 20 à 30 %. En revanche, le démarrage de ces contrats restent compliqués, souvent déficitaires.
Les perspectives sont alléchantes avec les lots actuellement mis en concurrence pour l’exploitation des bus parisiens de la RATP. « C’est un travail de longue haleine. Nous avons déjà remis au moins une dizaine d’offres sur 12 lots. Nous attendons cet automne des décisions sur cinq lots sur douze« , précise la patronne de Keolis.
L’activité augmente de 4 %
L’année a aussi été « intense commercialement » à l’international. Tout particulièrement sur le marché américain avec des gains et renouvellements en Californie, au Texas ou en Arizona. En Europe du nord, Keolis a consolidé sa position en Suède, en remportant notamment un nouveau contrat dans la région de Stockholm.
Globalement, le chiffre d’affaires a augmenté de 4 % comparé à 2022, s’élevant à 7 milliards d’euros « au-dessus du budget, alors que nous ne cherchons pas à faire de la croissance à tous prix« , souligne encore la dirigeante. Il a été porté par le retour des voyageurs un peu partout dans le monde. En France, où Keolis réalise 54 % de son chiffre d’affaires, la fréquentation a augmenté de 5% à 20% selon les réseaux de transport, ce qui a conduit à une hausse des recettes de 10%.
Selon la direction, les recrutements réalisés l’an dernier par Keolis (12 000 au total, dont 6 200 personnes en France), qui permettent d’assurer l’offre demandée, ne sont plus un sujet. Un motif de satisfaction avant le rendez-vous des JO cet été.
Marie-Hélène Poingt
Des questions sur le choix lyonnais
Keolis a appris hier officiellement qu’il conserverait l’exploitation des bus à Lyon pour encore six années à partir de 2025, « le lot le plus gros« , alors que RATP Dev a récupéré la gestion des modes lourds. Pour ce lot, a commenté Marie-Ange Debon, le Sytral a reconnu que les deux offres de Keolis et de RATP Dev étaient techniquement comparables, mais pas sur le prix, sur lequel la RATP s’est montrée moins disante…
« Nous ne voulons pas proposer de prix inférieurs à nos coûts. Sinon, cela revient à mettre sous pression la qualité de service. Nous cherchons à préserver la qualité de service et la marge de l’entreprise« , a expliqué Marie-Ange Debon, s’alarmant d’une possible « course en avant pour baisser les coûts » qui pourrait conduire « à des distorsions de concurrence« . Ce serait aussi un mauvais signal pour les collectivités tentées par des économies alors que les marges du secteur sont déjà faibles. La RATP a elle-même présenté la semaine dernière des résultats déficitaires…