L’activité du groupe RATP progresse grâce à un niveau historique de ses investissements mais son endettement reste supérieur à 5 milliards.
Entrée dans la toute dernière ligne droite dans les négociations pour le renouvellement de son contrat avec Ile-de-France Mobilités, qui devraient aboutir en mai, la RATP se devait de démontrer deux choses. D’abord qu’elle reste un partenaire solide financièrement. Ensuite, qu’elle a consenti des efforts, sur le plan opérationnel, pour augmenter la production et la qualité sur l’ensemble des réseaux. A l’issue de son conseil d’administration, le groupe a présenté le 7 mars des résultats 2024 en ligne avec la trajectoire fixée par son PDG Jean Castex.
Le chiffre d’affaires du groupe affiche une hausse de 10 % à 7,1 milliards d’euros. Il est tiré par l’augmentation de l’offre de transport et l’amélioration de la production en Île-de-France, ainsi que par le développement de ses filiales en France et à l’international.
Résultat net positif
Son endettement reste « maîtrisé ». Il s’établit à 5,7 milliards d’euros, en progression de 128 millions par rapport à 2023. Le résultat net positif de 85 millions d’euros (contre -109 millions en 2023), et grimpe même à 204 millions d’euros, grâce à la prise en compte de l’apport exceptionnel d’actifs fonciers et immobiliers réalisé au profit de sa filiale de logement social RATP Habitat. Sur le plan opérationnel, le groupe va pouvoir compter sur la cession de son activité de bus londoniens, structurellement déficitaire et espère redresser celle de ses bus touristiques. Il a conclu le 28 février, avec son homologue First Group, leader britannique du rail, la vente de trois réseaux de bus londoniens, dont RATP Dev cherchait depuis 2022 à se séparer. « Cela va vous permettre d’engager une nouvelle phase de croissance rentable », promet Jean-Yves Leclercq, directeur financier et de la performance durable du groupe.
Cette année encore, la RATP a réalisé des investissements historiques en Île-de-France d’un montant de 2,5 milliards (+5,7 % par rapport à 2023). « Nous avons restauré un niveau de production élevé, amélioré la qualité du service sur tous les réseaux », insiste Jean Castex. La satisfaction des voyageurs est en progression sur le réseau RATP, à 86,9% contre 85,9% en 2023. Autre bonne nouvelle pour l’opérateur, l’absentéisme qui avait flambé avec le covid, baisse de 2,5 jours sur l’année. Le développement de logements sociaux, via la filiale RATP Habitat est l’une des mesures mises en œuvre pour lutter contre ce fléau. Cette offre devrait permettre aux salariés qui en bénéficieront de réduire le temps de trajet domicile-travail. Le groupe affirme avoir également relevé son niveau de vigilance pour lutter contre la fraude aux arrêts maladie. La direction se refuse à dévoiler une moyenne de jours d’absence sur son effectif total mais reconnaît que les métiers au contact du public sont les plus impactés et que les sanctions commencent à porter leurs fruits. « Au global, c’est minoritaire mais loin d’être anecdotique, concède la direction, puisque les arrêts maladie sont souvent synonymes d’un deuxième emploi ».
Nouveaux business
En Île-de-France, la RATP a remporté deux des trois premiers lots attribués par Île-de-France Mobilités sur le réseau des bus parisiens, ainsi que le contrat d’exploitation des tram-trains T12 et T13. En France, la régie parisienne s’est vu attribuer les réseaux ferrés (métro, tramway, funiculaires et liaison aéroport) et navettes fluviales de Lyon, les réseaux de transport de Bayonne et du littoral basque, de Quimper, de Saintes Grandes Rives, de Brive, de Caen la mer, de Narbonne ou encore d’Ardenne Métropole.
A l’international, RATP Dev a remporté les réseaux de Winston-Salem en Caroline du Nord, de Visalia en Californie, la ligne de métro automatique Jurong Region Line à Singapour, en partenariat avec SBS Transit. Le groupe bénéficie aussi de l’extension des réseaux exploités à l’international, notamment à Riyad, avec la mise en service commerciale des lignes 1 et 2 du métro, celle des lignes T3 et T4 du tramway de Casablanca et de la ligne 3 du métro du Caire. Enfin, RATP Maintenance Services, filiale de maintenance multi-technique, a gagné trois contrats avec le groupe ADP pour la maintenance des ascenseurs, des monte-charges et des appareils translateurs des aéroports d’Orly et de Roissy Charles-de-Gaulle.
Le trafic toujours sous son niveau de 2019
En dépit d’une progression de +4,3 % du trafic voyageurs en Île-de-France, à 3 108 millions de voyages sur l’année, le trafic n’est toujours pas remonté à son niveau d’avant pandémie. Il bénéficie cependant de la nette amélioration de la production sur les réseaux bus et métro, les prolongements de lignes, et l’effet de retournement des évènements défavorables de 2023 (grèves et émeutes urbaines). Il reste inférieur en moyenne de – 10% à son niveau pré-covid. Plusieurs raisons à cela : l’installation durable du télétravail et le report vers les mobilités douces. Le week-end, la fréquentation a retrouvé son niveau de 2019.
L’après-JO : des progrès dans l’organisation à confirmer
Avec 30 000 agents opérationnels mobilisés, aidés de 2 700 volontaires de toute l’entreprise, la RATP a rempli sa mission et promet que « des progrès dans l’organisation vont être pérennisés ». A l’occasion des JO, trois lignes ont été prolongées, la gestion des flux avec le PC canalisation a été améliorée, tout comme celle des colis abandonnés grâce au doublement des équipes cynotechniques, ou à la modernisation d’écrans d’information voyageurs modernisés. Plusieurs extensions majeures du réseau francilien ont aussi été opérées : prolongement du tramway T3b à Porte Dauphine en avril (3,2 km), prolongements des lignes 11 à Rosny-Bois-Perrier (6 km) et 14 à St Denis-Pleyel et Aéroport d’Orly (15,6 km) en juin. L’automatisation de la ligne 4 du métro s’est achevée en janvier 2024 et le tramway T1 compte de nouvelles rames TW20.