Après une treizième édition reportée de deux ans et en retrait, question fréquentation, par rapport aux niveaux d’avant-Covid, le salon Innotrans renoue avec les records pour sa quatorzième édition, qui s’est tenue au parc des expositions de Berlin du 24 au 27 septembre. Un parc unique en son genre, car intégrant quelque 3,5 km de voies, occupées en quasi-totalité par une grande variété de matériels roulants.
En quatre journées, mais avec une concentration des principaux événements sur les deux premières, quelque 170 000 visiteurs sont venus de 133 pays cette année à Innotrans, qui peut ainsi confirmer son ambition d’être le plus grand salon consacré aux techniques de transport du monde. Quand bien même ces transports sont essentiellement ferroviaires. Mais les matériels roulants exposés sur les rails, qui étaient 133 cette année, n’étaient pas seuls, puisque 11 bus avaient également fait le voyage jusqu’à Berlin pour être présentés en mouvement dans le jardin d’été du parc des expositions.
Parmi les rendez-vous incontournables de la première journée d’Innotrans figure à chaque édition la présentation de l’étude sur le marché ferroviaire mondial, commandée par l’UNIFE et présentée cette année par Enno Wiebe, nouveau DG de l’Union des industries ferroviaires européennes, en remplacement de Philippe Citroën.
Toute la gamme de ce qui roule sur rail était ici représentée : tramways et métros (dont les matériels Alstom et Stadler destinés à Berlin), tram-train (Stadler pour Sarrebruck), train léger (de l’Université d’Aix-la-Chapelle), nombreux trains régionaux, trains classiques grandes lignes (neufs, avec le lancement de la plateforme Vectrain de Siemens et Škoda, ou rénovés, avec la voiture polonaise présentée par H Cegielski), locomotives voyageurs (dont celle de Talgo, en première), de manœuvre ou de fret, wagons en tous genres de huit fournisseurs différents, trains d’inspection ou d’intervention, trains de chantier, engins rail-route… sans oublier les trains à grande vitesse. La présentation de ces derniers a donné lieu à des cérémonies de grande ampleur. Le premier jour, la version du Velaro de Siemens adaptée pour l’Egypte a été ouverte aux visiteurs par Kamel Al-Wazir, vice-premier ministre du pays, ministre de l’Industrie et du Commerce et ministre des Transports. Et le lendemain, le vice-ministre italien de l’Infrastructure et des Transports Edoardo Rixi a honoré de sa présence la nouvelle version de l’ETR1000, alias Frecciarossa, précédé par l’ambassadeur d’Italie en Allemagne, Armando Varricchio, le PDG de Trenitalia, Luigi Corradi et le PDG du constructeur Hitachi Rail, Giuseppe Marino.
Retour au rythme biennal, retour aux records… et retour aux tendances amorcées lors des précédentes éditions. Place aux véhicules à batteries ou à hydrogène de série, tant pour le train régional RS Zero de Stadler, destiné à remplacer les autorails actuels, que la locomotive Modula de Vossloh Rolling Stock pour le port fluvial de Duisbourg ou le tram à hydrogène de Hyundai Rotem pour Daejon.
Place également aux exposants asiatiques, plus particulièrement au chinois CRRC et donc au coréen Hyundai Rotem, qui ne se sont pas fait seulement remarquer dans les stands, mais aussi sur les voies, où plusieurs caisses de matériel roulant avaient fait un détour depuis l’Extrême-Orient avant de gagner leur destination. Mention spéciale au train intelligent CINOVA 2.0 et au tramway sur pneus ART de CRRC, dévoilés à midi le premier jour, sous une pluie diluvienne ! Plus largement, les 2 940 exposants étaient venus de 59 pays. Pas de la Russie, certes, mais de l’Ukraine en revanche, avec cependant moins de visibilité qu’il y a deux ans. Comme à l’accoutumée, l’Europe centrale était présente en force : Pologne (Newag, Pesa), République tchèque (Škoda, Nymwag), Slovaquie (Tatravagónka), Croatie (Končar), Roumanie (Astra). La Turquie était présente, mais en recul par rapport aux précédentes éditions, alors que l’organisateur Messe Berlin souligne l’arrivée du Maroc, de la Malaisie, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud.
Place enfin aux solutions numériques, toujours plus présentes dans l’exploitation des trains, que ce soit avec l’automatisation des trains régionaux allemands par Alstom, l’intelligence artificielle HMAX développée par Hitachi Rail en collaboration avec Nvidia pour optimiser la gestion des trains, de la signalisation et de l’infrastructure, ou encore Track Value, lancé à l’occasion par Europorte et Kerlink pour assurer un suivi en temps réel des marchandises et des wagons qui les transportent. Mais le numérique n’est pas le seul domaine d’innovation dans l’industrie ferroviaire. Au total, selon Kerstin Schulz, directrice d’InnoTrans, l’édition 2024 aura donné lieu à « 226 premières mondiales ».
P. L.