Ce mercredi, une semaine après une rencontre qu’il a qualifiée de « fructueuse » avec les acteurs du fret ferroviaire, le ministre Clément Beaune a marqué de sa présence la conférence annuelle Objectif OFP, dont il était le dernier intervenant. C’était « la première fois depuis très longtemps » qu’un ministre honorait de sa présence cette manifestation qui réunit la plupart des acteurs de la filière, selon Jacques Chauvineau, président d’objectif OFP. Mais l’incendie couve et le secteur ferroviaire a connu des moments difficiles ces derniers mois, entre un contrat de performance Etat-SNCF Réseau unanimement qualifié de décevant par la filière et une explosion du prix de l’énergie consommée par le rail.
D’emblée, le ministre a rappelé le maintien de l’enveloppe supplémentaire jusqu’en 2024, au moins (170 millions d’euros annuels pour soutenir l’exploitation). Il a aussi émis le souhait de voir cet effort prolongé jusqu’à la fin de la mandature actuelle, tout en rappelant les récents efforts sur l’infrastructure dédiée au fret, qu’il s’agisse de voies de service ou des capillaires fret. Clément Beaune a déclaré vouloir « faire de la France un grand pays du fret ferroviaire », insistant sur l’intermodalité et la chance d’avoir de grandes zones portuaires, avec un potentiel dans la desserte de leur hinterland… Même si « tous les soutiens ne sont pas possibles ».
Un contexte marqué par la flambée des coûts de l’énergie
Bref, un « je vous ai compris », qui intervient dans un contexte complexe, mais qui devrait être a priori favorable au mode ferroviaire : crise énergétique, pénurie de chauffeurs routiers, alors que le doublement de la part modale du rail à horizon 2030 pour le transport de marchandises est inscrit dans la loi Climat et résilience depuis août 2021 ainsi que dans la Stratégie nationale de développement du fret ferroviaire. Une situation dont les acteurs de la filière, réunis avec ceux du transport combiné rail-route au sein de l’Alliance 4F (Fret Ferroviaire Français du Futur), était venue exposer au ministre une semaine avant sa présence à Objectif OFP.
Ci-contre : les représentants de l’Alliance 4F et du transport combiné rail-route reçus par le ministre. De gauche à droite : Frédéric Delorme (Fret SNCF), Raphael Doutrebente (Europorte), Franck Tuffereau (AFRA), Ivan Stempezynski (GNTC) et Alexandre Gallo (DB Cargo France).
Reçus le 16 novembre par Clément Beaune, pour le première fois depuis sa nomination comme ministre délégué chargé des Transports, les représentants de l’Alliance 4F lui avaient en effet rappelé les atouts du fret ferroviaire et du transport combiné rail-route, ainsi que la nécessité capitale d’un soutien de l’Etat et de SNCF Réseau quant à la mise à disposition d’infrastructures « performantes et viables », sans lesquelles l’objectif de doublement de la part modale (pour atteindre 18 %) d’ici moins de huit ans ne pourra pas être atteint, malgré de récents signes encourageants. En effet, la part modale de fret ferroviaire est passée de 9,6 à 10,7 % entre 2020 et 2021, alors que le transport combiné rail-route a connu une croissance encore plus forte, de 16 % en volume.
Rappel des demandes
La filière du fret ferroviaire avait donc rappelé à l’occasion ses trois demandes au ministre. La première était de bénéficier à très court terme d’un dispositif permettant d’absorber le choc énergétique pour, a minima, jouer à armes égales avec le secteur routier. La deuxième était de prendre les mesures nécessaires pour améliorer la performance et la fiabilité du réseau. Et la troisième était la reconduction des aides aux opérateurs au-delà de 2023 (170 millions d’euros par an), la confirmation des cofinancements concernant le plan de relance d’un milliard d’euros par an ainsi que la décision d’un plan d’investissement sur le réseau ferroviaire du fret de 3,5 milliards d’euros entre 2023 et 2030. Des exigences qui ont été entendues, voire partiellement exaucées…
Pour l’Alliance 4F, les engagements pris doivent être inscrits dans une loi de programmation des investissements, afin de permettre de donner une visibilité indispensable et des moyens de long terme aux entreprises du secteur, et de contribuer ainsi à la planification écologique. En outre, sur proposition des représentants de l’Alliance 4F, le ministre Clément Beaune a accepté de venir visiter dans les prochains mois une plateforme de fret ferroviaire.
P. L.