L’unité ferroviaire! C’est ce que souhaite la Fnaut, qui organisait ce matin sa conférence de presse de rentrée. Or, la liberté tarifaire, accordée depuis 2017 aux régions, a des effets plutôt positifs pour les voyages intra-régionaux mais des effets pervers en cas de déplacements d’une région à l’autre ou d’un TER à un TGV.
Plus précisément, la Fnaut considère que la multiplication des tarifications (parfois incohérentes entre régions) ou des cartes avantages « complique la vie des usagers », en particulier lorsqu’il s’agit d’emprunter, au cours du même voyage, un TGV et un TER, ou des trains de différentes régions. La nécessité, dans huit régions, de disposer de billets différents pour chaque étape d’un voyage complique les achats et rend encore plus difficile les éventuels échanges ou remboursements…
Engager des négociations
C’est pourquoi « il faut une convention collective des usagers, afin d’appliquer une base unique à tous les opérateurs », proclame Bruno Gazeau, le président de la Fnaut. « Nous demandons aux régions et la SNCF une lisibilité qui facilite le report modal alors que la demande s’accroît, au lieu de dissuader l’usager du fait d’une trop grande complexité ». Et il poursuit : « Il faut engager des négociations au profit des usagers, en cette période de hausse des prix de l’énergie« . Si les négociations avec les parties prenantes échouent, le président de la fédération des usagers souhaite que le législateur intervienne.
Autre demande, après la disparition des documents papier qui permettaient au public de connaître les horaires de référence des dessertes, la Fnaut souhaite que l’État « impose à la SNCF en tant qu’autorité de tutelle, la publication des tableaux horaires, ainsi que le prescrit l’arrêté du 10 avril 2017 du ministère de l’économie et des finances relatif à l’information sur les prix des prestations de certains services de transport public collectif de personnes ». Car à moins de s’être acheté un exemplaire de l’European Rail Timetable, édité en Angleterre, ou de voyager sur Trenitalia entre Paris, Lyon et l’Italie, il est désormais quasi-impossible de mettre la main sur des tableaux donnant la fréquence ou les heures de passage des trains aux différentes gares desservies…
Cibler les aides
La Fnaut relève également que, dans un contexte marqué par une nette hausse de la fréquentation de toutes les catégories de trains, qui a retrouvé (voire dépassé) ses niveaux d’avant-Covid, des difficultés se sont toutefois accumulées dans plusieurs régions : Normandie (réservation obligatoire dans les trains de Paris), Grand Est, Aquitaine (desserte insuffisante Bordeaux – Paris), Hauts-de-France, PACA… Car si la demande augmente, la Fnaut reproche à la SNCF son malthusianisme et déplore le manque de moyens dont disposent le réseau ferré et les régions dans le cadre du contrat de performance, qualifié d’« échec grave ».
C’est pourquoi la fédération représentant les usagers « insiste pour que toutes les mesures de court terme (baisse des taxes ou aides au coût de l’énergie) soient ciblées et s’accompagnent de décisions financières de moyen terme qui encouragent au développement des transports publics et au report modal vers ceux-ci ». « Equité des modes, intégration du coût des externalités dans les modèles économiques, tarification des livraisons et récupération des plus-values foncières résultant des investissements publics », sont les solutions présentées par la Fnaut, qui réclame aux régions « plus d’unité ferroviaire sans contester la liberté tarifaire ».
P. L.