Bilan mitigé pour l’Année européenne du rail, selon l’Allianz pro Schiene, association qui fédère en Allemagne les associations d’usagers du rail, les mouvements de défense de l’environnement et les acteurs du secteur ferroviaire. Si l’année 2021 aura été marquée par quelques rapprochements entre réseaux ferrés européens, en particulier dans le domaine des trains de nuit, les divisions n’ont pas vraiment été surmontées, selon l’association. Un constat illustré par les multiples aventures vécues au cours du tour d’Europe effectué par les trois trains spéciaux Connecting Europe Express entre le 2 septembre et le 7 octobre.
« L’Année européenne se termine par des progrès en matière de relations à grande vitesse, de trains de nuit et d’investissements dans les réseaux ferrés. Mais les frontières nationales au sein de l’Union européenne constituent encore des obstacles majeurs pour les voies ferrées. La circulation des trains transfrontaliers devrait et pourrait être beaucoup plus simple, tant pour le transport de voyageurs que pour le transport de marchandises », a déclaré Dirk Flege, directeur général de l’Allianz pro Schiene. Ajoutant : « une Année européenne du Rail ne suffit pas pour éliminer ce patchwork. Si l’on veut que l’avenir appartienne au rail, respectueux du climat, l’Union européenne devrait proclamer une décennie de rail ».
Pour ce qui est des points positifs de l’Année européenne du rail, l’Allianz pro Schiene se félicite de « la forte attention et le large soutien de la part de l’opinion publique et de la classe politique pour le transport ferroviaire en Europe », soulignant l’internationalisation croissante du transport de marchandises sur rail et le renforcement des coopérations dans le domaine du transport de voyageurs entre « de grandes entreprises ferroviaires nationales comme la Deutsche Bahn, la SNCF, les ÖBB et les Chemins de fer fédéraux suisses ». L’association allemande félicite également « les entreprises privées telles que Transdev » qui ont élargi leur offre transfrontalière, et cite comme premiers résultats concrets les nouvelles liaisons ferroviaires de nuit de Berlin à Stockholm (Transdev), suivies de celles lancées en décembre de Zurich à Amsterdam via Cologne et de Vienne à Karlsruhe et Paris via Munich (en coopération entre la DB, la SNCF, les ÖBB et les CFF). Elle a aussi pris bonne note que « des trains de nuit de Berlin à Paris, par exemple, sont en préparation et devraient démarrer en décembre 2023. La Commission européenne a récemment présenté un plan d’action ambitieux visant à doubler le transport ferroviaire à grande vitesse d’ici 2030 et à le tripler d’ici 2050. Au cours de la décennie actuelle, les voyages jusqu’à 500 kilomètres devraient également devenir totalement neutres en carbone. Il s’agit d’une étape importante pour remplacer l’avion par des trains sur ces lignes ». Un autre progrès décisif souligné par l’Allianz pro Schiene est le progrès accompli vers la définition d’un attelage automatique numérique, même s’il manque toujours un soutien financier de l’Union européenne et des Etats membres pour permettre une transition vers cet attelage, qui ne sera pas gratuite…
Pour ce qui est des obstacles qui restent à surmonter, l’Allianz pro Schiene cite en premier lieu la réservation de billets de train sur des parcours internationaux, qui non seulement est difficile, mais ne permet pas de bénéficier de tarifs intéressants lorsque l’on additionne des billets séparés. « La réservation de billets de train pour les voyages en Europe doit être aussi simple que la réservation de billets d’avion », proclame l’association allemande, qui rappelle que « les plus grandes entreprises ferroviaires européennes ont annoncé leur intention d’améliorer le service lors de l’achat de billets transfrontaliers ».
C’est pourquoi l’Allianz pro Schiene rappelle, en conclusion de l’Année européenne du rail, son « catalogue d’exigences » présenté un an auparavant :
1. Développer le réseau ferré transfrontalier (par exemple par l’électrification de tous les points de passage entre pays voisins) ;
2. Rendre la concurrence entre les modes de transport plus équitable (par exemple en mettant fin à la TVA sur les billets de train pour parcours internationaux, comme sur les billets d’avion) ;
3. Utiliser le Green Deal de la Commission européenne pour renforcer le chemin de fer (par exemple dans le financement des infrastructures, avec l’introduction d’un péage routier obligatoire dans l’Union européenne, y compris pour les poids lourds et les autobus longue distance).
P. L.