Interview de Jean Coldefy, consultant en transports, ex-responsable du pôle projets et services du Grand Lyon
Selon Jean Coldefy, les habitudes de déplacement n’ont pas autant changé qu’on le croit. La part modale de la voiture n’a quasiment pas bougé malgré les investissements massifs dans les transports urbains.
Ville, Rail & Transports. Quelles ont été les évolutions majeures dans les transports de voyageurs au cours de la décennie passée ?
Jean Coldefy. Ces évolutions majeures ont débuté il y a 20 ans, elles se sont manifestées avec l’arrivée d’un ensemble de nouvelles technologies liées au numérique. Mais les usages et les habitudes de déplacement n’ont pas autant changé que l’on croit. La part modale de la voiture n’a quasiment pas bougé en France malgré des investissements massifs dans le TGV et les transports urbains. Les Français parcourent en moyenne 45 kilomètres par jour. Dans des analyses plus fines, on constate que la part modale de la voiture a surtout évolué à l’échelle des grandes villes. A Paris, elle a été divisée par trois. A Lyon, il y a 40 % de voitures en moins. Ce qui a vraiment changé, ce sont les habitudes de déplacements internationaux longue distance, qui passent de 1 500 kilomètres à 2 500 kilomètres par habitant et par an. L’aviation low cost, fortement critiquée, est évidemment à l’origine de cette évolution.
VRT. La puissance publique a-t-elle pris la mesure de ces évolutions ?
J. C. La puissance publique est attentive aux liens qui s’établissent entre les aménagements, qu’elle peut décider, et les mobilités. Mais elle ne sait pas toujours lutter contre ces flux. Comment peut-on lutter contre une tendance historique ? Les aires urbaines, ces zones à l’intérieur desquelles au moins 40 % des actifs travaillent dans un pôle central, ne cessent de s’étendre. Cela se traduit automatiquement par une augmentation des flux pendulaires. C’est un problème que les autorités n’ont pas su régler. L’explication vient de l’économie. Notre industrie produisait encore en France, il y a une trentaine d’années, des biens de moyenne gamme. Les pays du tiers-monde ont connu une phase de rattrapage comparable à ce que nous avons connu pendant les Trente Glorieuses, et ils se sont mis à fabriquer les mêmes produits. En conséquence, la France a connu une destruction massive de ses emplois industriels. L’économie de
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Publié le 24/01/2025 - Emilie Nasse
Publié le 23/01/2025 - Emilie Nasse