Unanimité pour le Grand Paris : Pari gagné
Comme le souhaitait le ministre de la Ville, le projet de Grand Paris a été voté à l’unanimité. Le conseil de surveillance de la Société du Grand Paris, présidé par André Santini, avait deux mois pour dire quelles conséquences la SGP tirait du bilan du débat public. La Commission nationale du débat public (CNDP) ayant publié son bilan le 31 mars, il fallait voter avant la fin mai. C’est chose faite. Comme le disait l’avant-veille du scrutin Jean-Luc Laurent, le vice-président du conseil régional d’Ile-de-France chargé du Grand Paris : « qui aurait dit, vu la façon dont c’était parti, que nous en serions un jour à amender les projets de la SGP ? » Le ministre de la Ville, Maurice Leroy, qui, reconnaît Annick Lepetit, l’adjointe au maire de Paris chargé des déplacements, « n’a pas ménagé sa peine », avait même convié la veille au soir les parties prenantes à une ultime réunion, afin d’aboutir à un projet de délibération le plus consensuel possible.
Pour parvenir à un accord, dont les principes avaient été scellés dès le 26 janvier, chaque partie a transigé. Rappelons que l’Ile-de-France a accepté la desserte des aéroports, qui ne faisait pas partie d’Arc Express, ou la grande boucle à l’est, prévue par la SGP, tandis que le gouvernement acceptait l’Arc est proche, modifiait la consistance du projet dans le sens d’une desserte fine. De plus, dans le cadre d’un accord plus global, il débloquait enfin le Sdrif et les programmes d’urgence du plan de mobilisation.
Transiger ne suffit pas. Il faut encore présenter avec adresse et bonheur les choses. Le protocole d’accord du 26 janvier faisait figurer certaines lignes en pointillé. La dernière carte mise au point par le gouvernement et la région ne comporte plus que des traits pleins. Ce n’est pas qu’on a brusquement décidé d’accélérer un programme déjà colossal. C’est qu’on présente un Grand Paris à plus long terme, pour ne pas dire idéal. En fait, la liaison Nanterre – Versailles appartient à un horizon plus lointain que 2025, de même que le prolongement de l’Arc est proche au-delà de Pleyel jusqu’à Nanterre-Préfecture, via Colombes.
Ce jeu sur les échéances permet d’ailleurs à Marc Véron, le président du directoire de la SGP, d’expliquer comment malgré la densification du projet on reste dans une enveloppe imuable de 20,5 milliards d’euros pour les infrastructures du métro dont il aura la responsabilité. Réseau auquel il faut ajouter, l’Arc est proche, considéré comme complémentaire par la SGP.
C’est l’une des difficultés de l’exercice. Pas facile de s’y repérer entre la SGP, qui, selon Jean-Paul Huchon, sera maître d’ouvrage des deux tiers des projets et le Stif, qui en aura un tiers. Certes, l’autorité organisatrice des transports et la Société du Grand Paris vont travailler ensemble. Chacune donnera un avis prélable sur les projets de l’autre. Cet arrangement a posteriori permettra de s’accommoder d’une situation bien compliquée. Une difficulté que pointe Annick Lepetit, qui commente : « La loi recentralisatrice de 2010 est venue télescoper la loi décentralisatrice de 2004. Il faudra se poser, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012 la question de cette séparation entre deux organismes, la SGP et le Stif, coûteuse et compliquée. »
Compliquée, sans aucun doute. Car, on l’a dit, une partie du réseau sera sous maîtrise d’ouvrage Stif. Ce devrait être le cas de l’Arc est proche. Comme c’était à l’origine un projet d’Arc Express, donc du Stif, il pourra être conduit plus rapidement en restant dans le cadre du projet initial. Une procédure de concertation avec garant, sous l’autorité de la CNDP, devrait permettre de ne pas se relancer dans un lourd et lent débat public. Autre projet sous maîtrise d’ouvrage Stif (avec la RATP) : le prolongement de la ligne 14 jusqu’à Mairie-de-Saint-Ouen. Financièrement, cela devrait donner lieu à des échanges de bons procédés, la SGP avançant des financements au Stif pour la ligne 14 (300 millions d’euros). Pour l’Arc est proche, il y a un système de vases communicants : il devait être réalisé avec 2 milliards de la SGP, auxquels s’ajouteront les 900 millions des collectivités locales initialement prévus pour l’Arc sud (ou Orbival), mais qui ne seront plus requis, comme il sera réalisé par la SGP.
Cette situation bien compliquée, Annick Lepetit pense donc qu’il faudra y mettre fin en cas de victoire de la gauche à l’élection présidentielle. Un horizon qu’ont en vue la plupart des acteurs. Il est d’ailleurs plus proche que les premiers coups de pioche, et, dans cette perspective, chacun se met dans la position de dire : on a gagné. Non sans raison, d’ailleurs.
Gagnant, Maurice Leroy, le ministre de la Ville, qu’on n’attendait pas sur le dossier : le jour même du remaniement gouvernemental, Jean-Paul Huchon pensait avoi
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Publié le 25/05/2022
Publié le 17/02/2021