10 solutions pour améliorer la mobilité
… mobilité, les idées “techno” ne sont pas forcément les meilleures et des recettes simples peuvent être les artisans du succès. En témoignent ces dix initiatives, innovantes mais pas que, qui prouvent que sans gadget technologique, mais avec une bonne dose de volontarisme et de coordination, on peut proposer de vraies améliorations aux citadins pour leurs déplacements quotidiens. Ces changements de paradigme reposent le plus souvent sur l’organisationnel, la mutualisation, les partenariats à grande échelle, c’est pourquoi ils sont souvent le fruit de travaux de longue haleine. La preuve par dix avec ce cocktail de solutions qui semblent prometteuses, même si le succès n’est pas toujours immédiatement au rendez-vous…
1 – Bien doser le cocktail bus accélérés + zone à trafic limité
Nantes crée une zone à trafic limité de centre-ville au milieu d’une vaste zone 30 pour que ses dix lignes de Chronobus roulent vite.
Cent kilomètres de rues réaménagés. C’est le défi que s’est donné Nantes pour livrer à partir d’octobre prochain dix lignes de bus d’un nouveau genre. Assez rapides et assez régulières pour séduire 100 000 personnes par jour, autant qu’un bon tramway, jusque-là principalement automobilistes. « Pour ne pas les plomber dans la circulation, nous lui adjoignons une zone à trafic limité (ZTL) dans le centre-ville. »
S’inspirant donc des principes développés par les villes italiennes de Ferrare, Bologne ou Padoue, Nantes va interdire aux automobiles, le 1er octobre prochain, le cours des 50-Otages, son principal axe de circulation, transformé en ZTL. Il ne sera plus utilisé que par les vélos, les transports en commun, les véhicules de livraison et d’urgence ou les riverains. Bien maigre zone à trafic limité que ce boulevard des 50-Otages si on le compare au centre-ville de Ferrare, clos depuis quelques années sur plusieurs hectares pour sauver son patrimoine. « Mais cela devrait suffire pour garantir la performance des bus », explique Jean-François Retière, vice-président de Nantes Métropole, en charge des transports.
Ces lignes de bus, appelées Chronobus, passeront toutes les 5 à 8 minutes aux heures de pointe, toutes les 10 à 12 minutes aux heures creuses. Elles circuleront comme le tramway, de 5h à minuit. Elles traversent l’agglomération en presque autant de diagonales, nord – sud, est – ouest. « Les trois lignes de tramway et le busway occupaient les voies les plus larges. Ne nous restaient plus que des rues étroites dans lesquelles nous avons fait de la dentelle », raconte Jean-François Retière. Pas assez de largeur de rue pour ouvrir tout bonnement des sites propres. Mais du « cas par cas » pour supprimer les « points noirs », lever les obstacles à la fluidité relevés par les bus-laboratoires de la société des Transports de l’agglomération nantaise (TAN), puis des aménagements fins : ici un bout de couloir réservé, là un arrêt déplacé, plus loin des places de stationnement supprimées. Tout le long du parcours, des priorités aux bus aux carrefours ; des stations rendues particulièrement accessibles (trottoirs élargis, plateformes à hauteur pour les personnes en fauteuil, intégration dans les cheminements des modes doux, marche et vélos). L’articulation des autres modes de déplacement avec le bus a été particulièrement étudiée. Y compris pour l’automobile aux pôles d’échanges du réseau. Plusieurs parkings-relais (2 600 places supplémentaires) y ont été créés. Ce programme d’une centaine de millions d’euros entre 2012 et 2017 a pour objectif de faire abandonner leur voiture aux Nantais dès qu’ils ont passé le périphérique. D’autant que leur progression, au volant, se verra a priori ralentie par l’édification d’une vaste zone 30 autour du centre-ville. Puisque parallèlement l’automobile est soumise au plan général de réduction des vitesses dans toute l’agglomération.
Hubert Heulot
2 -Regrouper les services transport dans une maison de la mobilité
Grenoble lance Station-Mobile, l’agence autour d’une multitude de partenaires.
Parce que la nature humaine est ainsi faite, le citadin préfère la facilité. Ne voyant pas plus loin que le bout de son garage, il se transforme souvent en homo automobilus, persuadé qu’il n’a pas d’autre choix. L’idée de l’informer de façon pointue et exhaustive des autres solutions prend alors tout son sens. C’est ainsi que le principe de la centrale de mobilité a pris son essor au début des années 2000, dans la foulée du précurseur Filinfo, dans la Somme, longtemps resté la référence. Le concept s’est amélioré, étoffé, a pris divers noms : maison des transports, agence de la mobilité… avec chaque fois le but premier de dispenser un conseil personnalisé en mobilité. Aujourd’hui, c’est toute l’agglomération grenobloise qui vient d’inaugurer, le 24 avril « Station-Mobile, l’agence ».
Autour du SMTC, région, conseil général, la Métro, les opérateurs de transports, les communes, les gestionnaires de parkings, les associations fournissant des services à la mobilité, etc. se sont unis pour créer cette agence, qui accueille le public bd Joseph-Vallier de 8h30 à 18h30 (9h à 17 h le samedi et pendant les vacances scolaires), répond au téléphone (serveur vocal), et propose un site Internet (www.stationmobile.fr) particulièrement détaillé et intuitif. Et bien sûr ce dernier se décline en appli pour smartphones, disponible gratuitement sur Appstore et Googleplay. De plus, dans le courant de l’année, des panneaux à messages variables seront posés dans les artères de la ville.
Au-delà du diagnostic individuel, l’agence propose aussi la vente de titres de transports tous réseaux et le calcul d’itinéraires tous modes. En cours de déplacement, l’usager peut aussi rester informé des perturbations et modifier son parcours en conséquence. Il peut notamment s’abonner au service d’alertes trafic. Car « avec plus de quatre déplacements quotidiens par habitant, Grenoble se place au-dessus de la moyenne nationale. La mobilité dans l’agglomération constitue un enjeu particulier, nécessitant de rassembler les moyens opérationnels des AO », est-il expliqué sur le site. A l’échelle de l’agglomération, des stratégies communes de gestion prévisionnelle et de contrôle en temps réel de tous les réseaux de déplacements doivent permettre d’améliorer la sécurité, notamment pour les modes doux ; la qualité de service dans les TC ; la fluidité pour les voitures.
En effet, au sein du même bâtiment de 2 500 m2, dont le rez-de-chaussée est désormais occupé par l’agence de mobilité, Station-Mobile regroupe les différents PC des principaux gestionnaires de voirie routière et de transports en commun (TAG, SMTC, direction interdépartementales des Routes Centre-Est, TransIsère, PC “Feux tricolores” de la ville). A Grenoble, qu’il s’agisse de prendre les différents réseaux de transports en commun, sa voiture, l’autopartage, le vélo, un taxi, de louer une voiture ou même de marcher, l’agence est donc compétente. Et le SMTC entend rapidement transformer toutes les agences commerciales TAG en agences multimodales. Dans un souci de proximité, Station-Mobile est donc la première d’un réseau de trois agences au moins, qui se construira au fil des ans.
C. N.
3 – Faire guichet commun sur un même territoire
Le 9292 aux Pays-Bas et Atoumod en Basse-Normandie : mise en commun des tickets et de l’info-voyageurs tous opérateurs
Les Pays-Bas disposent depuis 1992 d’un système d’information multimodale national pour tous les transports collectifs. Au départ, simple central téléphonique d’infos sur les horaires, répondant au 9292, ce service est devenu un site Web et propose des applications mobiles donnant une info fiable et en temps réel sur tous les transports hollandais, en attendant l’intégration dans une billettique commune qui est en cours. L’avantage de l’intégration des transports et de la billettique sur un même territoire, à l’instar du pass Navigo parisien, est complexe à mettre en œuvre, mais cela donne un avantage déterminant dans la concurrence avec le déplacement automobile, la simplicité pour l’usager.
En France, la plupart des AOT ont une réflexion sur le sujet. Les Haut-Normands viennent de décider d’une billettique interopérable, commune à tous les réseaux de transport des 15 autorités organisatrices, qui sera opérationnelle sur tout le territoire régional d’ici fin 2014. Seul bémol de la partition, les deux grosses agglomérations, Rouen et Le Havre, ont souhaité conserver chacune leur propre système en parallèle à Atoumod, au moins dans un premier temps. Dans cette démarche initiée et pilotée par le conseil régional de Haute-Normandie, 20 000 cartes sont déjà en circulation sur le réseau TER. Depuis mai, le réseau Transbord de Louviers-Val-de-Reuil est équipé. Puis viendra le tour à la rentrée du Grand Evreux et des liaisons de cars départementales. La couverture en guichets et valideurs devrait être complète en 2013. Parallèlement, un système d’information multimodale SIM Atoumod, avec site Web, vient d’être mis en ligne. Cette platef
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Publié le 02/01/2024
Publié le 12/10/2023