Lorsqu’on s’apprête à pénétrer l’univers des transports, la première chose à faire est de chercher une bonne carte. Un document qui permette de s’orienter dans un univers dont les extrêmes sont la logistique et l’ingénierie de pointe. Entre les deux, il existe une infinité de métiers avec des opportunités plus ou moins grandes, des besoins fluctuants selon les années.
Si l’on se réfère aux derniers chiffres connus, après une année 2012 en recul, 2013 montre une embellie : les effectifs du transport routier sont légèrement repartis à la hausse. Avec 654 730 salariés, la progression s’élève à 0,2 %, selon l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique (OPTL). Ce qui représente une création nette de 1 600 emplois. Cette reprise s’explique par la bonne santé du transport de voyageurs qui a connu la plus forte hausse d’effectifs : +2,9 %, suivi par le transport sanitaire (+2 %) et les prestataires logistiques (+1,5 %).
En revanche, le tableau est plus sombre pour le transport routier de marchandises. Plus important employeur de la branche avec 332 602 salariés, il a perdu près d’un millier d’employés sur un an (–10 % d’embauches). Les jeunes sont les premiers touchés, avec un recul de 16 % du nombre de recrutements pour les moins de 30 ans. « La pyramide des âges du secteur est en érosion constante depuis de nombreuses années déjà », précise Michel Chalot, président de l’OPTL.
L’OPTL ne prend toutefois en compte que le transport interurbain et le transport routier de marchandises. Il n’inclut ni le secteur ferroviaire, ni le transport urbain de voyageurs, qui sont également de gros pourvoyeurs d’emplois. Si la pyramide des âges est également vieillissante dans les transports urbains, ce serait plutôt une bonne nouvelle pour les nouveaux diplômés. « Chaque année, le transport urbain effectue près de 2 600 recrutements, dont environ 500 créations de postes. Les départs en retraite sont la première explication à ces volumes de recrutements”, détaille Benoît Juery, directeur des affaires sociales de l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP).
Principal besoin du secteur : la conduite. « Dans le transport urbain, 65 % des recrutements concernent les métiers de conduite et 34 % ceux de la maintenance et de la technique », ajoute Benoît Juery.
Plusieurs voies d’entrée sont possibles, et certaines professions sont largement ouvertes à des jeunes sans qualification à partir du moment où ils font preuve de motivation. Reste une tendance perceptible ces dernières années : les employeurs se montrent de plus en plus exigeants, et pour maximiser ses chances de décrocher un emploi, mieux vaut présenter plus de diplômes que le minimum requis. Pour devenir conducteur d’autobus, par exemple, il existe plusieurs possibilités : être détenteur d’un permis B et la Fimo (Formation initiale minimum obligatoire) ou bien posséder un titre professionnel et un CAP.
Côté universités, les diplômes sont de plus en plus professionnalisants. Et les liens avec les entreprises se renforcent.
La formation continue est aussi un enjeu croissant. Des formations réalisées en interne permettent aux salariés d’être plus performants mais aussi de booster leurs carrières.
Enfin, il faut prendre en compte l’évolution constante de la législation. Cette année encore, la création d’un « portefeuille formation » va changer la donne. « Dans les transports nous concernant, plusieurs indicateurs vont dans le sens d’une augmentation de la formation continue », explique Maxime Dumont, vice-président de l’OPTL. « Le recours aux intérimaires a chuté ces dernières années, le taux de CDI dans les entreprises de transport est très élevé et enfin la progression du nombre de personnes certifiées est en phase avec l’évolution des emplois. Conséquence : le recours au droit individuel à la formation (Dif) a augmenté de 34 % en un an. » La nouvelle mouture de ce droit, le fameux « portefeuille formation » sera valable à vie. De quoi pousser toujours plus de personnes à monter en gamme dans leurs qualifications. Parce qu’un diplôme précisément adapté à son projet reste la meilleure boussole pour s’orienter dans le monde complexe des métiers des transports.
Julien SARTRE
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Les chiffres clés du secteur en 2013
• 100 000 salariés dans le transport public urbain (50 000 en région parisienne, 50 000 en province).
• 655 000 salariés dans le transport routier et la logistique. Ces chiffres recouvrent des métiers aussi divers que les chauffeurs de poids lourds, les ambulanciers et les convoyeurs de fonds par exemple.
• 2 600 recrutements effectués dans les transports publics urbains (France entière).
• 65 % de ces recrutements concernant des métiers liés à la conduite.
• 34 % de ces recrutements concernent la maintenance et la technique
• 47 % de conducteurs de bus effectuant des trajets scolaires.
• 16 % : évolution négative des embauches de personnes âgées de moins de 30 ans recrutées dans les transports pour compte d’autrui.
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En pratique
• Conditions d’admission : Bac+2, sur dossier et entretien de motivation
• 3 voies d’obtention de la licence : formation initiale, continue ou alternance (en contrat de professionnalisation)
• 5 unités d’enseignement (462 heures sur deux semestres) : environnement et communication, gestion, production, management et projet tutoré, stage de 14 semaines + mémoire et soutenance
• Frais de scolarité : droit d’inscription à l’université 400 euros.
• Métiers visés : responsable planning, technico-commercial, chargé de méthode exploitation, chef d’équipe transport, chargé de production
• Salaires des récents embauchés : entre 1 700 et 2 100 euros nets par mois.
Lille 3 La licence transports urbains forme des pros de l’exploitation
Depuis dix ans, la licence professionnelle « Transports de voyageurs urbains et interurbains » de l’IUT de Tourcoing (Lille 3) forme chaque année une vingtaine de spécialistes des techniques d’exploitation. Une formation très professionnalisante – d’ailleurs accessible également en alternance – qui avait été initialement concoctée conjointement avec Keolis pour répondre au vide de formations spécifiques au secteur. Aujourd’hui, le partenariat avec Keolis Lille se manifeste essentiellement par des stagiaires réguliers. « Les étudiants vont là où sont les opportunités, mais globalement, à peu près la moitié des étudiants font leur stage dans une filiale Keolis, estime Serge Lavigne, responsable du département Gestion, Logistique et Transports, dont dépend la licence professionnelle. Nous avons aussi des enseignements dispensés par des salariés de Transpole ».
Pas forcément séduisant, le secteur des transports est aussi assez méconnu des jeunes. Si bien que les candidats n’ont pas toujours afflué. « Il y a une bonne part de passionnés des transports depuis souvent tout petits, et l’autre gros des effectifs vient des Bac+2 transport ou logistique, qui veulent donner une orientation “voyageur“ à leur cursus », poursuit-il. La filière reste cependant ouverte à tous les profils d’étudiants – Bac+2 de tous horizons – pour peu qu’ils soient capables de présenter un projet de carrière cohérent. Ainsi, bon an mal an, une petite centaine de candidats frappe à la porte de l’IUT, une cinquantaine de dossiers sera retenue puis une vingtaine à l’issue de l’entretien individuel de motivation. La promotion actuelle compte 20 personnes, dont 5 en contrat de professionnalisation. Le taux d’échec au diplôme est d’environ 15 %.
En plus des connaissances techniques – planification de l’exploitation, gestion d’un service public de voyageurs, gestion des risques, normes environnementales etc. – des enseignements sur d’autres aspects comme le marketing, la comptabilité et le management sont au programme. La France compte peu de formations équivalentes, à part les licences pro de l’université de Cergy-Pontoise et de Lyon 2, pourtant le secteur connaît peu la crise. Témoin, la dernière enquête annuelle réalisé par l’université de Lille 3, qui montre un taux d’emploi conséquent : sur les 17 diplômés de 2014, trois poursuivent leurs études en master, deux n’ont pas répondu, les douze autres sont embauchés en CDD ou CDI. La scolarité débute mi-septembre pour s’achever après 462 heures par la soutenance d’un mémoire début juillet. Les candidatures pour la rentrée prochaine sont reçues dès à présent, et c’est peut-être une année importante. « La loi Macron qui ouvre à la concurrence le transport par autocars va encore créer de nombreuses opportunités », juge en effet Serge Lavigne.
Cécile NANGERONI
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Toulouse 1 Le M2 droit des transports s’oriente vers l’aéronautique et la gouvernance
Le master 2 droit de l’entreprise, spécialité droit des transports, de l’université Toulouse 1 a été créé en 2000 par Christophe Paulin, professeur agrégé de droit privé. Il s’est rapidement imposé comme une référence en matière de droit privé des transports (de voyageurs et de marchandises), formant des juristes spécialisés, capables de s’intégrer dans des entreprises de transports ou des cabinets d’avoc