Fin septembre, à l’occasion du 65e salon des véhicules utilitaires l’IAA (Internationale Automobil-Ausstellung) de Hanovre, en Allemagne, Daimler a fait sensation en s’affichant définitivement comme le leader mondial incontesté sur ce marché. Le groupe aligne aujourd’hui des sites de production sur les cinq continents. Il se déploie dans le monde entier sous différentes marques comme Freightliner, Western Star, BharatBenz, Fuso, Setra ou encore Thomas Built Buses, la plus connue du grand public restant toutefois celle de son constructeur automobile, l’allemand Mercedes-Benz.
En 2013, Daimler a produit globalement plus de deux millions de véhicules, en employant très exactement 274 616 collaborateurs. Son chiffre d’affaires a atteint les 118 milliards d’euros, avec un bénéfice flirtant les 11 milliards. Sur le créneau plus spécifique des autocars et autobus vendus dans les dix-huit pays de l’Europe communautaire, le groupe caracole en tête avec 30,7 % des immatriculations, devant Iveco, deuxième à 19,56 %. En Allemagne, sa terre natale, il devance très largement MAN, en ayant vendu, l’an passé, 2 439 véhicules, contre 1 103 pour son rival de toujours. Sur les huit premiers mois de 2014, Daimler a commercialisé au total quelque 20 000 autocars et autobus dans le monde, réussissant à maintenir un niveau comparable à celui de l’année précédente malgré un contexte économique difficile. Mieux encore, il a augmenté ses ventes de camions de 3 %, et celle de ses utilitaires légers de 10 % ! « Notre objectif est clair : nous voulons dominer ce secteur d’activité, aussi bien en termes économiques que techniques », martèle Wolfgang Bernhard, le patron des camions et des bus chez Daimler. Et le membre du directoire de l’entreprise d’ajouter : « Cela exige une présence globale sur le marché, la conception de plates-formes intelligentes, et surtout une technologie forte ». Cette année, la démonstration de cette ambition avait pour cadre Hanovre, avec la présentation par Daimler, sur près de 10 000 m², de 63 autobus, autocars, camions et utilitaires légers, parmi lesquels beaucoup de nouveautés riches en innovations techniques.
Sur le créneau des autobus urbains commercialisés sous la marque Mercedes, les nouveaux Citaro Euro 6, plus particulièrement dans leur déclinaison en version articulée, ont focalisé les regards. Cette incroyable success-story avait commencé en juin 1997, lorsque le tout premier Citaro du nom fut dévoilé au congrès UITP (Union internationale des transports publics) de Stuttgart, en Allemagne. Pour la première fois, un constructeur allemand s’était démarqué de cette rigidité de conceptualisation introduite à partir des années 60 dans le cadre de la fameuse standardisation des autobus par le VöV (Verband öffentlicher Verkehrsunternehmen, union des entreprises de transport public, auquel succédera, en 1991, l’actuel VdV, Verband deutscher Verkehrsunternehmen, union des entreprises allemandes de transport de voyageurs). C’était alors la mode dans beaucoup de pays européens, mais seule la France (avec le fameux autobus Standard RATP/UTPUR, Union des transports publics urbains et régionaux, ancêtre de l’UTP) et, plus encore, l’Allemagne allèrent finalement aussi loin. Outre-Rhin, cette démarche avait engendré deux générations successives de véhicules (Standard I à la fin des années 60 et Standard II au début des années 80). La définition technique de ces véhicules, telle qu’elle avait été élaborée par le VöV, ne laissait pratiquement plus aucune place à la créativité technique pour les constructeurs, alors qu’en France la standardisation s’apparentait beaucoup plus à un cahier des charges très précis, rédigé en commun par les grands opérateurs. Les constructeurs allemands Magirus-Deutz, Büssing, Daimler-Benz, MAN, mais aussi les Autrichiens Steyer et Gräf & Stift, ou encore le français Heuliez (carrossant sur châssis Mercedes), se mirent donc à produire des véhicules dits « Standard I » tous quasiment identiques. Avec la réitération de la démarche sous la forme du « Standard II », la balle de l’ingénierie était donc restée dans le camp du VdV pendant quelque trois décennies !
On comprend mieux alors le choc qu’a provoqué l’apparition du Citaro sur le marché, lui qui rompait délibérément avec les canons du passé, et faisait entrer l’autobus dans l’ère de l’électronique embarquée. A ce jour, quelque 40 000 Citaro ont été livrés dans le monde ! Ce chiffre fait de lui le « numéro un » mondial des autobus, et aussi le best-seller de tous les temps. A l’instar de la célèbre Golf de Volkswagen, dont la dernière génération a peu à voir avec la première, la nouvelle gamme d’autobus Euro 6 de Mercedes – quand bien même reconduirait-elle les fondamentaux qui ont fait le succès du Citaro – reflète aujourd’hui une révolution technique sans précédent. Le tout nouvel articulé Euro 6 a d’ores et déjà convaincu les Wiener Linien. L’opérateur de Vienne (Autriche) a décidé, du même coup, de s’équiper en matériel Mercedes jusqu’ici inédit pour lui, tournant ainsi le dos à des décennies d’un partenariat exclusif avec un constructeur concurrent. Un tel revirement n’est pas si fréquent dans la profession… L’autobus articulé Citaro G, présenté à l’IAA, est maintenant disponible avec un moteur compact OM 936h de 7,7 l à six cylindres en ligne, monté horizontalement. Cette motorisation high-tech, d’une puissance de 265 kW, est susceptible de développer un couple maximum de 1 400 Nm. Surtout, elle met en œuvre le nouveau système dit « PBS » (Power Boost System), qui accélère la mise à disposition du couple aux plus basses vitesses de rotation du moteur. Grâce au PBS, les performances conférées au véhicule par l’OM 936h sont comparables à celles que fournirait un moteur classique plus volumineux. Le gain ainsi obtenu sur l’encombrement et le poids de la motorisation permet d’embarquer jusqu’à huit voyageurs supplémentaires ! Le Citaro G bénéficie également du nouvel ATC (Articulation Turntable Controller), qui veille au bon respect des limites cinématiques propres aux déplacements relatifs des deux caisses du véhicule, et d’une électronique de nouvelle génération, qui se traduit au poste de conduite par de nouveaux écrans de visualisation plus grands, plus colorés, et plus informatifs.
Sur le segment de marché des autobus interurbains à deux essieux, Daimler décline sa nouvelle gamme Intouro en trois longueurs différentes : 12,140 m, 12,640 m et 13,320 m. Sur chacune de ces trois versions, l’opérateur peut opter pour une motorisation de 220 ou 260 kW. Pour les dessertes à caractère rural, Daimler propose, au travers de sa marque Setra, le tout nouveau MultiClass LE (low entry) « Business ». Cet autobus combine une accessibilité (à l’avant) équi