Jean-Pierre Wolff, membre de la FNAUT, fait partie de notre jury. Professeur émérite (département de géographie, aménagement, environnement de l’université Toulouse II Jean Jaurès) et observateur attentif de notre palmarès depuis son lancement, il nous fait part de ses remarques sur l’évolution des politiques de transport public durant les trois dernières décennies.
Soulignons le travail novateur lancé en 1992 par la revue La Vie du Rail pour encourager et développer les bonnes pratiques en termes de transports et de mobilités. En 30 ans, que de progrès réalisés pour sortir du « tout voiture », hégémonique.
Trois grandes étapes marquent le renouveau des transports collectifs. La première période avec les chocs pétroliers des années 1970 et le versement transports les tire d’un ghetto dans lequel, ils avaient été plongés. Puis le retour du tramways avec le concours Cavaillé en 1975, traduit un saut supplémentaire (Nantes 1985 et Grenoble 1987). Cette renaissance du tramway lance une politique de réhabilitation urbanistique des centres urbains. Durant deux décennies, les transports collectifs lourds connaissent un retour remarquable dans les grandes agglomérations mais aussi dans des villes plus modestes comme Angers (2011), Besançon (2014), Mulhouse (2006), Orléans (2000), Tours (2013) et plus récemment Avignon (2019). Enfin, la troisième étape repose sur un changement de paradigme mettant en avant les mobilités facilitées par les nouvelles technologies couplées à des pratiques renouvelées ou inédites avec le développement du vélo, de la trottinette, du covoiturage, de l’autopartage et surtout de l’intermodalité.
En une trentaine d’années, ce palmarès a modifié la vision des élus sur les mobilités et plusieurs villes absentes de ce classement au début, ont fait des efforts notoires, comme Marseille, Nice et Toulouse. Même s’ils sont encore considérés comme insuffisants par les piétons et les cyclistes, il n’en demeure pas moins qu’un virage a été pris en faveur de l’ensemble des mobilités en réintroduisant les transports lourds dans ces villes. D’autres, comme Toulon, Perpignan, ou Nîmes, ont encore de très gros progrès à faire en termes de mobilité, mais rien n’est impossible, si une volonté politique se manifeste comme le montre le classement de cette année (Brest, Nice et Saint-Nazaire). Enfin, retenons l’investissement considérable dans ce domaine d’agglomérations pionnières et chapeau bas à Strasbourg suivie par Lyon et Nantes pour leur politique globale en matière de transport et de mobilité.
Jean-Pierre Wolff