La menace chinoise ? Les dirigeants d’Alstom et Siemens évoquaient la concurrence pressante de CRRC pour justifier leur projet de fusion, il y a six ans. Il fallait s’unir pour résister au rouleau compresseur asiatique. Pourtant, le géant chinois du ferroviaire à la technologie désormais éprouvée et aux prix bas —numéro un mondial avec environ un quart du marché— est jusqu’à présent resté bien discret sur les rails européens. Un train par ici, des tramways par là, quelques locomotives… Avant une déferlante, finalement ?
« Ils avancent leurs pions, doucement, mais ils avancent. Ils ont les moyens de leurs ambitions », juge un fin connaisseur de l’industrie. « Ils prendront le temps nécessaire, ils ne veulent pas faire peur ! »
La Commission européenne n’avait pas retenu l’argument de la menace chinoise quand elle avait bloqué la fusion Alstom-Siemens en 2019. L’Europe a depuis adopté une nouvelle législation, et Bruxelles a ouvert en février dernier une enquête approfondie sur une filiale de CRRC qui proposait des trains peu chers à la Bulgarie, et qu’elle soupçonnait d’avoir reçu des subventions susceptibles fausser le marché européen. CRRC a retiré son offre, amenant la Commission à clore son enquête. Pas de trains chinois en Bulgarie, donc —l’espagnol Talgo, resté seul en lice après le retrait de CRRC, n’était pas en mesure de respecter les délais de livraison requis et le marché a été annulé—, mais des tramways à Porto au Portugal et à Bucarest en Roumanie, quelques trains à l’essai ou annoncés en Autriche, en République tchèque, en Serbie, en Roumanie, des locomotives pour
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