Les acteurs du câble urbain
Bien que toujours marché de niche, le transport par câble urbain se développe de plus en plus en France. Coup de projecteur sur les projets et les principaux acteurs.
Dossier réalisé par Catherine Stern
La France a maintenant trois téléphériques urbains en service : Brest depuis 2016, une première ligne monocâble à St-Denis-de-la-Réunion depuis mars 2022 et une ligne tricâble (3S) à Toulouse depuis mai 2022. Si le premier, construit par Bartholet (ex-BMF), a connu quelques déboires au démarrage, cela n’a pas été le cas pour les deux autres, construits par Poma. « Pour les collectivités, c’est intéressant d’avoir les retours d’expérience de ces systèmes déjà mis en service avant de se lancer », estime Florence Girault, directrice de projets Services de mobilité et Transition énergétique des mobilités au Cerema, responsable d’une étude sur le sujet en mars 2022.
Une dynamique partout dans le monde
« Les constructeurs quant à eux ont déjà un gros retour d’expérience en zone de montagne et en urbain à l’étranger, notamment en Amérique latine », ajoute-t-elle. Ainsi à la Paz, en Bolivie, le réseau de transport urbain a été créé ex-nihilo avec du câble et compte aujourd’hui 11 lignes soit 31 km !
« Le câble urbain a commencé en 2004 à Medellin et aujourd’hui il y en a partout en Amérique latine, confirme Fabien Felli, le PDG de Poma. A part l’Algérie où il y a déjà plus de 14 appareils et l’Egypte, l’Afrique démarre juste : il y a un téléphérique en construction à Antananarive, la capitale de Madagascar, des projets en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Rwanda… En Amérique du Nord, New York est équipée depuis 2010 et il y a des projets en urbain à Vancouver, Los Angeles… Et en Europe, la France est le pays le plus dynamique au niveau du câble urbain ».
Egis pour une responsabilité accrue
« Egis fait du câble urbain depuis qu’il existe en France, depuis les premiers projets de câble en 2007-2008 à Toulouse et en région parisienne qui, pour la plupart, n’ont pas passé l’étape des études d’opportunités », témoigne Bruno Plumey, chef de projet en transports publics, dont l’équipe d’une quinzaine de personnes s’occupe de la partie des études amont (mode, corridor, tracé, architecture et fonctionnel des stations, intermodalité, intégration urbaine, implantation des pylônes…). « On a une liste énorme de projets sur lesquels on a travaillé en études et une liste assez conséquente sur lesquels on a travaillé en phase aval, soit en AMO soit en réalisation », complète Mounir Chaouche, directeur du segment transport par câble chez Egis Transports et Territoires (ex-Egis Rail), qui emploie une dizaine de personnes. Ainsi le groupe est ou a été présent côté client en maîtrise d’ouvrage déléguée à Brest, Orléans, sur le projet de la Montagne à la Réunion. Il est ou a été en groupement conception-réalisation avec Poma à St-Denis-de-la-Réunion, Ajaccio, Grenoble, Nice, avec Doppelmayr sur Câble 1… Il est aussi présent à l’international, réalise actuellement des études amont à Kigali (Rwanda), à la frontière Laos-Thaïlande, à Salvador de Bahia (Brésil), Madagascar, a répondu à un appel d’offres avec Poma à Tanger (Maroc) ou prépare la construction d’un ouvrage à Oulan-Bator (Mongolie)… Le groupe souhaite désormais « prendre des responsabilités accrues par rapport à une maîtrise d’œuvre classique sur la livraison de certains groupes d’ouvrages, notamment ceux qui sont en interface avec les systèmes de transport (les systèmes annexes d’alimentation, transformateurs, groupes électrogènes, systèmes de courants faibles liés à de la donnée…) ». Ce qu’on appelle la mission clés en main, mise au point en 2016. « Cette proposition de valeur plaît bien aux constructeurs de transport par câble parce que cela permet d’isoler les responsabilités, ce qui minimise l’interface contractuelle », assure Mounir Chaouche.
Egis réalise 3 à 4 M€ de chiffre d’affaires annuel avec le câble urbain et envisage 2 à 5 M€ par an dans les années qui viennent, mais « avec peu de visibilité ».
De plus en plus de projets français
Outre les trois téléphériques en service, plusieurs collectivités et autorités organisatrices ont lancé leurs propres projets comme Angelo à Ajaccio, Câble 1 à Créteil-Villeneuve-St-Georges, La Montagne à St-Denis-de-La-Réunion. Nice a lancé un appel d’offres tandis que Grenoble, Bordeaux ou encore Marseille/Vitrolles avancent dans la démarche. Pour chaque appel d’offres, qui se présente le plus souvent sous la forme d’un contrat global (marché global de performance ou CREM, conception-réalisation-exploitation-maintenance), des groupements de fait s’organisent autour d’un spécialiste du câble issu du monde de la montagne, avec un cabinet d’ingénierie spécialisé dans l’urbain (comme Systra ou Egis…) et une entreprise de génie civil (Bouygues, Vinci, Eiffage…).
Poma et Doppelmayr, les deux plus gros mondiaux, ont chacun déjà réalisé près d’une cinquantaine de projets de transport par câble (TPC) urbain. Poma domine le marché français alors que Dopplemayr est en train de réaliser son premier projet en région parisienne (Câble 1) et doit impérativement transformer l’essai. MND de son côté, de taille moins importante, travaille sur le projet qu’il a remporté à la Réunion (la Mont
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