Grandes manœuvres en vue dans la signalisation
Dans deux segments de marché, l’entité Siemens-Alstom aurait eu une position beaucoup trop forte aux yeux de la Commission : la très grande vitesse et la signalisation. Dans ce second domaine, Alstom resté seul va devoir se renforcer.
Deux raisons ont motivé le veto de la Commission européenne au projet d’acquisition d’Alstom par Siemens. La concentration « aurait porté atteinte à la concurrence sur les marchés des systèmes de signalisation ferroviaire et des trains à très grande vitesse ». Le développement de la grande vitesse, en France avec le TGV, en Allemagne avec l’ICE est bien connu. Ou la rivalité des deux constructeurs dans le domaine, et la fulgurante avancée des Chinois. La signalisation est plus rarement sous les projecteurs. Les enjeux en sont pourtant énormes.
La Commission européenne s’est très vite inquiétée de la position dominante qu’y aurait acquise la nouvelle entité. En décidant le 13 juillet de procéder à une « enquête approfondie », la Commission indiquait : « Après l’opération envisagée, l’entité issue de la concentration deviendrait le leader incontesté du marché [de la signalisation] avec une part de marché trois fois plus élevée que celle de son concurrent le plus proche, et il serait peu probable qu’elle soit confrontée à d’importantes pressions concurrentielles. »
La lettre d’Andrew Haines, CEO de Network Rail, adressée en octobre à Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, n’a pu que conforter ces inquiétudes. Le patron du gestionnaire d’infrastructures britannique s’élevait contre la « menace » d’une fusion, qui « risquait de faire très mal aux chemins de fer britanniques ». Le cumul des parts de marché d’Alstom et de Siemens dans les contrats de signalisation outre-Manche aurait atteint 93 %. Andrew Haines aurait voulu que Siemens, qui avait acquis Invensys Rail, se défasse de ce spécialiste britannique de la signalisation. Mais aucune cession d’ampleur n’a finalement été proposée par les deux industriels à la Commission, qui a apposé son veto.
Pourquoi une telle attention à la signalisation ? Le marché ferroviaire mondial représente, selon la dernière étude de Roland Berger, 165 milliards d’euros et la signalisation en occupe près de 10 % avec 16 milliards. Marché complexe, qui se compose de segments comme la conception, les aiguillages informatisés, la supervision, l’ERTMS et le CBTC. Et marché dynamique, même s’il est difficile d’éva
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