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11 Feb 2018

Cela mérite au minimum un débat.

Intéressante analyse mais on a envie de la nuancer.

Nos amis suisses apprécieront la leçon de chemin de fer de notre part. Et la vision d'obstacle naturel qui fait un peu sourire : la Suisse possède un des meilleurs réseaux autoroutiers européens, connecté dans toutes les directions et ultra-performant. Oui, plus de la moitié des Suisses possèdent un SwissPass. Posons-nous modestement la question pourquoi. Le service ferrovaire suisse est simplement meilleur, avec des dessertes cadencées pour partout et des correspondances ultra-efficaces. Avec des investissements d'infrastructure importants mais ciblés, et qui ont comme objectif central la performance du service.

Zürich est plus petite que Lyon. Il suffit de comparer les services national, européen et régional centrés sur chacune des deux villes pour nous rendre infiniment modestes.

En Allemagne, la programmation fédérale à 2031 définit un cadre stable dont le ferrovaire sort grandi, tant pour les contrbutions d'exploitation avec une croissance programmée, que pour le programme moyen terme d'investissements. Comparons les montants avec les notres, la conclusion s'impose. Comparons enfin ce que font les Fraunhofer et le DLR en matière d'innovation ferrovaire avec ce que nous faisons nous, et ne nous étonnons pas de voir les nouvelles technologies venir d'outre Rhin.

Quant aux parts modales en fret, outre le fait que la France a décroché par rapport à ses voisins, restons là-aussi plus nuancés avant d'accuser le juste-à-temps. On ne transporte pas que des portables ou des pièces d'auto. Combien de silos, de carrières, de cimenteries ne desservons-nous plus correctement en raison de l'état des voies capillaires ? Toute la profession nous le crie. Ce sont des trafics massifs que le fer perd.

La réalité est là : lors de l'interruption de Rastatt, nous n'avons qu'à la marge su aider nos amis allemands et suisses en raison de la faible productivité du réseau français et du manque de coordination. (http://www.actu-transport-logistique.fr/ferroviaire/accident-de-rastatt-les-acteurs-du-fret-ferroviaire-evoquent-des-milliards-de-pertes-pour-l-economie-421602.php)

Les raisons de notre régression sont là.

Alors il me semble qu'en prenant un peu de distance, nous nous mettrons devant nos choix : voulons nous un chemin de fer performant ce qui suppose avant tout une vision, un cadre d'action moins sclérosé, un effort d'innovation massif sur le coeur-métier et de la constance, ou bien avons-nous décidé d'emblée que l'avenir serait seul à la route, au risque de le faire payer à nos enfants ?

Cela mérite au minimum un débat.

 

Par Alain BULLOT

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