Sous le signe de l’innovation
Pour la première fois cette année, à l’occasion de notre palmarès des mobilités, Ville, Rail & Transports a proposé à des entreprises de tout secteur, qui interviennent sur le marché des transports, de participer au « Village de l’Innovation ». Sur le modèle des speed datings (des rencontres de quelques minutes en tête à tête), des responsables de ces entreprises, souvent des start-up mais aussi de grandes sociétés nationales, ont pu aller à la rencontre de collectivités, de clients potentiels et faire découvrir leurs idées, leurs produits et leur dynamisme. Retour sur cette première et les innovations présentées par des responsables de ces entreprises.
François Lautel, directeur Commercial et Marketing d’Acorel :
« Acorel propose de l’analyse de flux de personnes pour fournir des données de prise de décision aux opérateurs et leur permettre d’améliorer leurs opérations. A l’avenir, une analyse plus fine des données nous permettra d’offrir une technologie de plus en plus fiable. Nous pourrons calculer les temps d’attente en analysant les flux de personnes, ce qui permettra aux exploitants de prendre des mesures pour y remédier. »
Romuald Bodoy, responsable commercial d’Actoll :
« Actoll intervient dans trois domaines : les solutions monétiques autoroutières, la billettique et sur un produit baptisé T-Smart. Ce système permet de remplacer les tickets occasionnels. Il s’achète via les canaux de vente traditionnels. L’intérêt, c’est que cela ne coûte pas cher. Il n’y a pas de maintenance et c’est dématérialisable sur smartphone. Ainsi, nous pouvons proposer une technologie sans contact à moindre coût.
Nous sommes également les premiers à avoir permis les paiements par carte bleue dans les transports en lançant une expérimentation à Grenoble en octobre 2015. Elle est toujours en cours et se révèle très positive. Nous combinons deux grandes forces : être un spécialiste de la monétique et de la billettique. »
Pierre-Emmanuel Meyers, directeur du marché du Biométhane pour l’Europe d’Air Liquide :
« Nous valorisons les énergies renouvelables issues de la biomasse, du solaire ou de l’éolien sous forme de carburant gaz, que nous commercialisons dans nos stations-service. Ce biométhane sous forme comprimée ou liquide s’adresse au marché du transport routier interurbain, périurbain et longue distance. Nous servons actuellement une cinquantaine de camions. Nous développons donc les outils d’une mobilité totalement décarbonnée. Le biométhane est une industrie en très fort développement. Notre deuxième axe est l’hydrogène pour la pile à combustible des véhicules électriques car les deux énergies sont complémentaires. Nous le produisons soit à partir du biométhane, soit avec le surplus de production d’électricité verte, qui nous permet, via l’électrolyse, de stocker cette énergie sous forme d’hydrogène. Il s’agit donc d’hydrogène décarbonné, qui sera ensuite valorisé dans le domaine du transport. »
Cyril Hersch, président d’Apila :
« Actuellement une vraie information stationnement, un, ça n’existe pas, deux, tout le monde en a besoin et trois, ça va changer l’univers urbain. Notre conviction est que l’information stationnement va être utilisée de la même façon qu’on utilise déjà l’information trafic car on ne peut pas imaginer les déplacements sans penser au dernier kilomètre. Apila est une appli donnant toutes les infos individuellement – places dispo, temps pour se garer, etc. – mais c’est aussi la brique supplémentaire à intégrer dans les GPS ou les gestionnaires de tournée pour la logistique urbaine car c’est un gain en efficacité de travail. Enfin, les collectivités locales qui veulent savoir comment se comportent les citoyens ont les origines – destinations, taux de rotation, taux d’occupation en temps réel et en prédiction. Cinq à dix collectivités sont intéressées pour faire un diagnostic précis dans l’optique de la décentralisation. »
Valentina Zajackowski, responsable du Marketing et de la Communication de Calypso :
« Calypso est un standard qui existe depuis bientôt 20 ans et qui équipe aujourd’hui toutes les cartes billettiques d’Ile-de-France. Il offre une parfaite interopérabilité entre les modes. Demain, un nouveau service permettra, grâce à une même carte, d’utiliser les transports publics de tous les réseaux équipés. Il permettra une interopérabilité billettique transfrontalière. Avec une même carte estampillée Lille ou Bruxelles par exemple, on pourra indifféremment utiliser les transports de l’une ou l’autre ville. »
Sylvain Rizzon, responsable Commercial des solutions de Cityway, filiale de Transdev :
« Moovizy est une des premières appli qui organise la mobilité comme un service avec la possibilité de s’informer, d’acheter et de valider un titre qui permet de se déplacer : avec le même titre on se gare au P+R, on ouvre la barrière, on monte à bord des transports en commun. L’innovation technologique est la solution beacon qui utilise le bluetooth, une technologie présente sur tous les smartphones. Quant à Fleetme, aujourd’hui testé dans quatre villes, c’est du covoiturage dynamique c’est-à-dire en temps réel, intégré au réseau de TC. Des véhicules particuliers sont recrutés via cet outil moyennant une contrepartie financière et grâce à leur nombre ils sont considérés comme une ligne de bus régulière. Nous misons sur le concept de “Mobility as a service” – MaaS – dont le modèle ultime est la Finlande avec tous les besoins de mobilité sur une unique plateforme : taxi, avion, bus, vélo, tout ! »
Pierre Reinhart, président de Dietrich Carebus Group :
« Notre bus est full electric. Il offre la meilleure gestion d’énergie du marché. Son ossature en aluminium le rend léger, économe. Pour le moment, la recharge se fait de nuit. Courant 2017, la recharge en bout de ligne par pantographe sera possible. Dans le futur également, nous allons développer une ligne d’assemblage final en France avec l’intégration de batteries françaises et de multiples fournisseurs d’équipementiers français ou européens. »
Sophie Cerrato, Business developement manager de Electricfeel :
« Electricfeel travaille dans la mobilité partagée, en vélos, scooters ou voitures. Notre technologie permet d’offrir aux opérateurs une solution prédictive pour répondre aux besoins des utilisateurs. Le logiciel permet de résoudre les problèmes de redistribution et d’avoir les bons véhicules, aux bons endroits, au bon moment. La machine qui apprend constamment, sera capable demain de prévoir l’influence du temps, du jour, de la température. Plus les clients auront utilisé le produit, plus la data sera importante, plus ce sera efficace. »
Fabrice Trollier, director Business Development France d’Init :
« Ce qui nous différencie dans l’écosystème des transports intelligents, c’est notre capacité à proposer des solutions intégrées qui associent plusieurs systèmes embarqués dans un véhicule de transport. Nous travaillons de plus en plus sur des systèmes on line ou dans le cloud. C’est typiquement ce que l’on fait en matière de billettique centrique, qui est une nouvelle approche de la billettique : cela consiste à gérer l’information dans le cloud. Cela nous permet de proposer une carte de transport à très bas coût et donc de favoriser sa diffusion à un large public. »
Christophe Bour, technico-commercial d’Innov’+ :
« Nous ne travaillons pas sur le comportement du véhicule mais sur celui du conducteur dont nous détectons les signes d’endormissement. 57 points du visage sont analysés en temps réel. Un manquement d’attention à la route déclenche une alarme sonore et visuelle du boîtier Toucango. Les systèmes comme le nôtre qui permettent de sauver des vies sont très recherchés par le monde de l’autocar. A l’avenir, ce sera intégré directement au véhicule et non plus en seconde monte et avec une connexion entre le boîtier et le véhicule, par exemple avec un siège vibrant. »
Bastien Develey, responsable Commercial d’Instant System :
« L’application Instant System, téléchargeable sur smartphone, permet d’informer les voyageurs sur tous les modes de transport disponibles dans leur agglomération et leur permettre d’optimiser leurs trajets. Nous allons aller encore plus loin dans les informations fournies et serons bientôt capables de conseiller à un automobiliste dans les bouchons de se garer et poursuivre sa route en tramways. L’analyse du big data permettra aux opérateurs d’améliorer le service. Par exemple si un arrêt est peu utilisé, le trajet d’un bus pourra être modifié. »
Nathalie Rochet, responsable Communication d’Ixxi :
« Aujourd’hui, les innovations vont très vite et relèvent de cycles courts. Il est important de toujours avoir un coup d’avance. C’est ce qu’Ixxi s’efforce de faire avec ses solutions. Dernière innovation : un outil de lutte antifraude basé sur l’analyse d’un grand volume de données voyageurs. Il permet de dresser une cartographie de la fraude sur un réseau, en fonction du jour, de l’heure et du lieu, et donc d’apprécier quasiment en temps réel l’efficacité des politiques de lutte contre la fraude. Les ITS ont encore de beaux jours devant eux : les innovations se renouvellent sans cesse et ils seront de plus en plus présents dans le quotidien des voyageurs. »
Eric Gaignet, gérant d’Okina :
« Okina est une application permettant aux collectivités, en équipant leurs conducteurs de smartphones, de géolocaliser leurs véhicules, de superviser le réseau, de scanner les cartes scolaires, compter les passagers et monter des alarmes. En cas de retard les chefs d’établissements ou les parents peuvent être avertis par SMS. Okana offre les mêmes qualités que dans l’urbain à des prix plus accessibles. Avec le temps, les informations recueillies pourront être analysées afin d’améliorer la qualité de service et de faire du prédictif. »
Olivier Muel, président d’Osmose :
« Il est simple de collecter des tonnes de données, mais pas de les exploiter de manière simple en laissant l’humain au centre, c’est notre problématique. Nous sommes spécialisés dans la gestion d’infrastructures linéaires – rail, route, voie navigable, etc. – avec un logiciel qui permet au sein de l’entreprise, de connecter toutes les data et de les transformer en un Google street view technique. Notre produit, qui gère les données de différentes époques afin de faire des comparaisons avant/après travaux, est unique sur le marché. Spécificité : rien n’est hébergé dans le cloud pour des questions de confidentialité et de sécurité. »
Ari Dadoun, directeur de Perinfo :
« Perinfo est éditeur de logiciel pour le transport de personnes depuis 1982. Notre logiciel ERP permet d’organiser l’ensemble de l’activité, tant en terme de planification, (conducteurs/véhicules), que de suivi des heures, et de gérer une activité, qu’elle soit occasionnelle ou régulière. Le métier va évoluer en fonction des besoins des clients. Les solutions de mobilité sont aujourd’hui d’actualité, mais notre vraie valeur ajoutée consistera à faire gagner du temps aux utilisateurs. »
Nicolas Jaulin, directeur général de Pysae :
« Notre solution lancée il y a trois ans de gestion de l’exploitation et de l’information des voyageurs temps réel est légère, à base de smartphone. Une technologie totalement disruptive par rapport à ce qui se faisait traditionnellement. La solution est plus économique, plus rapide à déployer et plus évolutive. Petits réseaux, transports interurbain et scolaire mais aussi grands réseaux urbains en recherche de souplesse viennent nous solliciter, ce qui augure une forte croissance. D’autant que depuis septembre dernier, Vinci Energie a pris une participation minoritaire dans la start-up. »
Jean-Paul Medioni, PDG d’Ubi Transports :
« Partis d’une solution billettique et d’aide à l’exploitation dimensionnée pour les territoires de petite et de moyenne taille, nous avons évolué vers la chaîne outillée de gestion des transports de voyageurs. C’est-à-dire l’agrégation d’outils complémentaires comme l’alerte ou le diagnostic véhicules qui permettent d’apporter des services aux exploitants. Cette rupture a été construite autour des technologies 100 % cloud et smartphone. Le digital est ainsi entré dans des réseaux qui n’en avaient pas les moyens jusqu’alors qui trouvent une réponse fonctionnelle avec des outils contribuant à favoriser les transitions de la voiture vers les transports publics. La relation entre l’usager et le réseau est en effet simplifiée. C’est une filière extrêmement dynamique, qui devrait le rester encore quelques années car c’est un enjeu majeur pour les villes que d’avoir des réseaux de transports intelligents. »
Denis Vanderydt, responsable Développement de Version Traduite :
« Version Traduite est une agence de traduction spécialisée dans les transports et nouvelles mobilités. Nous réalisons des traductions techniques, rapports et appels d’offres, dans toutes les langues. Nous avons un glossaire de 500 000 mots dans le domaine du ferroviaire, disponible en dix langues. Dans les prochaines années, les outils d’aide à la traduction seront plus performants, mais on aura davantage besoin de traducteurs pour accompagner les entreprises qui n’ont pas la maîtrise de la langue ou de la culture des pays avec lesquels elles souhaitent travailler. »
David Laine, directeur général de Watt Mobile :
« Nous offrons une technologie de libre service en éliminant totalement la clé pour emprunter un véhicule. Notre système permet en effet de le démarrer avec un badge ou avec un smartphone. C’est innovant pour nos clients. Pour répondre aux besoins de déplacements nationaux de notre clientèle professionnelle, nous proposons les parkings des gares. Nous sommes les seuls à pouvoir le faire grâce à notre partenariat avec la SNCF. Les clients peuvent réserver à l’avance leur véhicule (quatre-roues ou deux-roues électriques), puis badger pour le démarrer. Nous sommes intégrés à l’appli SNCF ce qui ouvre la possibilité à nos clients, s’ils le souhaitent, de prendre le véhicule avec leur carte voyageur. Nous proposons aussi notre technologie aux flottes d’entreprise afin d’en optimiser l’utilisation. »
Margaux Revollet, Business development manager de Wayzup :
« Wayzup est l’application leader en covoiturage domicile – travail avec plus de 50 000 trajets par jour en France. Nous voulons inciter au covoiturage et permettre à chacun de trouver quelqu’un avec qui partager un trajet sans faire de détour, même en horaires variables. L’objectif est écologique, mais aussi d’amener du bien-être dans l’entreprise, de la convivialité, et de faciliter le recrutement. Nous parvenons actuellement à trouver une solution de covoiturage dans huit cas sur dix, l’objectif étant de parvenir à 100 %. »
Olivier Deschaseaux, cofondateur de Zenbus :
« L’application Zenbus permet de suivre les bus en temps réel sur smartphone et indique avec précision l’horaire d’arrivée aux différentes stations. L’avantage pour les collectivités est son coût, décorrélé de celui des gros systèmes. A l’avenir Zenbus fournira des informations plus fines aux exploitants, comme du comptage des montées et descentes à chaque station, afin de remplacer les enquêtes papier. Ce sera à la fois plus rapide et plus fiable et permettra d’améliorer l’offre. »
Propos recueillis par Valérie Chrzavzez-Flunkert, Cécile NANGERONI et Marie-Hélène POINGT
Publié le 10/12/2024
Publié le 10/12/2024