Fret : les deux dernières chances de Novatrans
24 Jan 2012
Mis à jour le 23 mai 2017
Dans le petit monde du transport combiné, il se dit que Novatrans est « le nouveau SeaFrance » de la SNCF. Les résultats de l’opérateur de transport combiné rail-route sont en effet catastrophiques. Dans le petit monde du transport combiné, il se dit que Novatrans est « le nouveau SeaFrance » de la SNCF. Les résultats de l’opérateur de transport combiné rail-route sont en effet catastrophiques. Repris en 2009 par la SNCF, qui lui a évité le dépôt de bilan, Novatrans n’a jamais réussi à redresser la barre : en 2010, la filiale de la SNCF a perdu 35 millions d’euros. Sur 2011, elle affiche un déficit de 22 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 87 millions d’euros. Pour la SNCF, qui a déjà injecté quelque 60 millions d’euros dans l’entreprise depuis 2009 (dont la moitié pour la recapitaliser), la situation n’est plus tenable. Lors d’un conseil d’administration de Novatrans, le 17 janvier, deux pistes ont été envisagées. La première passe par une cession à un tiers. La SNCF va mandater une banque « pour recueillir les manifestations d’intérêt ». La recherche d’éventuels repreneurs devrait durer deux mois. Mais cette solution laisse dubitatif. « Compte tenu de ce que perd Novatrans et compte tenu qu’il n’y a rien à vendre, on ne voit pas qui pourrait racheter quoi », commente-t-on dans le milieu.
La seconde piste envisagée passe par une recapitalisation de l’entreprise à hauteur d’une cinquantaine de millions d’euros avant le 31 décembre prochain. Cette solution s’accompagnerait de la mise sur pied d’un sévère plan de restructuration. Elle nécessiterait aussi et surtout l’aval de la Commission européenne, soucieuse d’éviter toute aide pouvant fausser la concurrence. Le conseil d’administration de Novatrans a donné jusqu’à la fin avril à la direction générale pour proposer un plan de retour rapide à l’équilibre. Il passera forcément par la suppression de liaisons, alors qu’actuellement la plupart des lignes sont déficitaires, voire par des fermetures de terminaux (il y en a 13).
Au Groupement national des transports combinés (GNTC), certains se demandent si le scénario final ne passera pas par une intégration d’une partie des activités de Novatrans au sein de NavilandCargo, l’autre opérateur de transport combiné de la SNCF (mer-fer). Une éventualité actuellement rejetée par Olivier Storch, le directeur financier de SNCF Geodis, également responsable des solutions multimodales. « En avril, les deux solutions étudiées seront jugées sur pièce », indique-il. Si aucune n’était retenue, il faudrait procéder à une « liquidation à l’amiable » de la société. Il serait alors proposé à tous les salariés (ils sont 260) un reclassement au sein du groupe SNCF. Une issue qui aurait un goût amer de déjà-vu.
Marie-Hélène Poingt