Toulouse : vers un métro « Airbus »
Fin 2015, le président de Tisséo-SMTC LR Jean-Michel Lattes a présenté l’itinéraire choisi pour la troisième ligne de métro toulousaine, synthèse des quatre faisceaux proposés en juin dernier(1). « Le plus grand projet de transport de France, hors grand Paris », s’est-il félicité. Toulouse Aerospace Express (TAE) pourrait aussi s’appeler Airbus Express puisque la ligne de 21 km et 17 stations connecte plusieurs sites d’Airbus à Colomiers et la zone aéronautique à l’ouest de l’agglomération au site d’Airbus Defence & Space (ex-Astrium) à l’est, en passant par la gare SNCF Matabiau et ToulouseEuroSudOuest, une zone promise à un fort développement avec l’arrivée de la LGV.
Contrairement aux deux premières, la troisième ligne de métro ne passera pas le centre de Toulouse mais le tangentera au nord, avec une interconnexion avec la ligne B, desservant des quartiers de faubourgs en développement ou déjà denses mais encore peu desservis. Son tracé permettra de relier 48 % emplois de la métropole et 220 000 personnes dans un rayon de 600 mètres autour des stations. Son objectif est de transporter 200 000 voyageurs par jour, avec un temps de trajet total de 34 à 37 minutes.
Le budget prévisionnel du projet est de 1,7 milliard d’euros, soit 80 à 90 km du kilomètre, avec les deux tiers de la ligne en souterrain.
Mais les différentes options n’entrent pas dans cette enveloppe. C’est le cas de la liaison directe à l’aéroport qui rajouterait 112 millions d’euros par rapport à une connexion au tramway au niveau de la station Jean-Maga. Une rupture de charge que regrettent plusieurs élus du SMTC dont le maire PRG de Blagnac Bernard Keller. Le prolongement vers la zone tertiaire et commerciale de Labège à l’est est aussi une option rajoutant 122 millions, alors que le territoire concerné du Sicoval soutient depuis des années le prolongement de la ligne B(2). « Il faut comparer le phasage et le coût des deux projets pour la desserte de Labège », a insisté Arnaud Lafon, deuxième vice-président de Tisséo et élu du Sicoval. Avec un financement déjà bouclé, le PLB pourrait entrer en service en 2021-2022, contrairement à TAE qui repousserait cette desserte à la fin de la décennie 2020.
La maire PS de Colomiers Karine Traval-Michelet a également mis en doute la possibilité de tenir un planning aussi serré que celui annoncé par le président de Tisséo, visant une mise en service dans 9 ans : des études préliminaires, une révision du PDU et une adoption du tracé définitif entre 2016 et 2018, une concertation et une enquête publique de 2018 à 2019, le choix du maître d’œuvre en 2017 et cinq ans de travaux d’infrastructures de 2019 à 2024. Le président de Tisséo-SMTC y croit, grâce notamment à une équipe dédiée et à « une méthode extrêmement moderne, la même que celle utilisée pour l’Airbus Néo ».
Catherine SANSON-STERN
(1) Présentation au groupe de pilotage partenarial associant les quatre communautés d’agglomération du SMTC, l’Etat, la région, le département, la chambre de commerce et d’industrie, le groupe Airbus, la SNCF et l’aéroport.
(2) Après l’avis favorable rendu par le préfet de région début décembre sur le prolongement de la ligne B vers Labège, les élus du Sicoval en ont posé symboliquement la première pierre le 2 décembre, en présence du président du conseil départemental Georges Méric, appelant Tisséo à lancer les appels d'offres et les marchés. Le 7 décembre, ils ont voté à l'unanimité une délibération autorisant leur président à engager une action contentieuse contre Tisséo.
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt