L’autoroute ferroviaire VIIA Britanica en service de Calais au Boulou
On attendait son démarrage le 12 janvier, mais c’est finalement le 29 mars que l’autoroute ferroviaire VIIA Britanica a débuté son service entre le port de Calais et Le Boulou (Pyrénées-Orientales), entre Perpignan et la frontière espagnole. Un démarrage repoussé sur demande du ministère de l’Intérieur pour cause de problèmes de sécurité et de sûreté en approche du port de Calais. Sur ses dernières centaines de mètres, la voie ferrée, après avoir traversé les quartiers est de l’agglomération en aval de la gare de Calais-Ville, décrit une courbe au voisinage de la célèbre « jungle ». C’est pourquoi « les mesures de sécurité/sûreté ont été accrues, notamment aux abords du port de Calais », indiquent VIIA (filiale de SNCF Logistics) opérateur de l’autoroute ferroviaire, et le Port Boulogne Calais. En précisant que ces mesures « s’ajoutent aux contrôles habituels menés par le Port Boulogne Calais, les mêmes que connaissent les camions arrivant par la route avant l’embarquement ». Concrètement, des grillages couronnés de barbelés ont été installés le long de la voie vers le port, qui franchit un sas de contrôle. Quant à la « jungle », son démantèlement a commencé le 29 février.
Effectué en 22 heures environ par des trains de 20 wagons (680 m), ce nouveau service évite un parcours routier de 1 200 km à un maximum de 40 semi-remorques non accompagnées par départ. Ce qui en fait « la plus longue autoroute ferroviaire », selon ses promoteurs. Dans un premier temps, un aller-retour quotidien est proposé six jours par semaine, fréquence qui devrait être doublée « prochainement ».
Après la traversée des Alpes (Aiton – Orbassano en 2003) et la liaison entre le Luxembourg et la frontière espagnole (Bettembourg – Le Boulou en 2007), cette troisième autoroute ferroviaire de VIIA devrait permettre « un report modal de 40 000 semi-remorques par an d’ici cinq ans, soit l’économie de 50 000 tonnes de CO2 par an et l’équivalent de 50 millions de km-camions évités par an » entre l’Espagne et le Royaume-Uni, le nord de la France ou la Belgique.
A Calais, cette relation bénéficie d’un nouveau terminal trimodal (fer, mer et route) « installé pour la première fois dans un port », selon le Port Boulogne Calais. Revenu à sept millions d’euros, ce terminal inauguré le 23 octobre dernier a été spécialement conçu pour accueillir les nouveaux wagons UIC à chargement latéral construits en Alsace par Lohr Industrie pour VIIA Britanica. Des wagons à partir desquels les semi-remorques non accompagnées pourront être tractées et chargées à bord des ferries pour atteindre Douvres, toujours sans chauffeur. A cette fin, un accord a été conclu le 30 mars entre VIIA et P&O Ferries, qui justement « souhaite développer son activité de transport de semi-remorques non accompagnées ». Le marché visé par l’opérateur transmanche comprend « les fruits, les légumes et les composants pour les chaînes de production » à destination de la Grande-Bretagne.
P. L.
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