Une collision entre un train régional et un convoi de marchandises a fait dix morts et plus de vingt blessés à l’est de l’Allemagne. Un drame qui aurait pu être évité si la ligne avait été équipée d’un système automatique d’arrêt du train, estiment les associations d’usagers. « La sécurité doit être prioritaire. Et elle n’est pas gratuite. » Au lendemain de la dramatique collision ferroviaire qui a fait dix morts et plus de vingt blessés dans l’est de l’Allemagne, l’association d’usagers Pro Bahn dénonce le manque d’investissements dans le réseau ferré.
En cause : l’absence sur de nombreuses lignes d’un système automatique d’arrêt du train. Un dispositif qui se déclenche lorsqu’un train ne respecte pas le signal d’arrêt. « Cette technologie est la norme à l’Ouest, mais pas à l’Est », déplore Karl-Peter Naumann, le président de l’association. « Il est urgent de remédier à ces carences, en particulier sur les voies uniques où se croisent trains de voyageurs et convois de marchandises. »
À Hordorf, où l’accident a eu lieu, les voies devaient être munies de ce système d’ici la fin de l’année. À ce stade, difficile de dire avec certitude si cela aurait permis d’éviter le drame. Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur du train de marchandises aurait « grillé » un sémaphore avant de percuter de plein fouet un train régional de la compagnie HEX (filiale de Veolia) qui circulait en sens inverse et avait la voie libre. Le choc, d’une violence inouïe, a projeté l’autorail à plusieurs mètres des rails. Dix victimes, dont le conducteur et un contrôleur, sont mortes sur le coup.
Un bilan très lourd, que la technique aurait pu corriger. Du coup, Pro Bahn en est convaincue, il est impératif de généraliser l’arrêt automatique. Une critique indirecte à la DB : le gestionnaire des infrastructures est régulièrement accusé de ne pas investir suffisamment dans les voies ferrées. « Les économies réalisées par la Bahn ont joué un rôle », confirme Edmund Mühlhans, professeur à l’École polytechnique de Darmstadt. « Cet accident n’aurait jamais dû avoir lieu. »
Quelques heures après l’accident, le ministre des Transports Peter Ramsauer a tenté de couper court à la polémique : « Le système d’arrêt automatique est obligatoire pour les lignes où la vitesse des trains dépasse 100 km/h. Ici, elle était limitée à 80 km/h. » Mais face aux critiques répétées de la presse, la compagnie a fini par reconnaître à demi-mot sa responsabilité. Rüdiger Grube annonce que ce système de sécurité va être mis en place sur l’ensemble des voies uniques. Et ce dans les plus brefs délais.
En attendant, l’affaire est entre les mains de la justice. Le conducteur du train de marchandises a été mis en examen. Une décision qui fait bondir le syndicat Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer (GDL) et relance la polémique : « Je suis surpris de constater qu’une voie comme celle-ci ne soit pas équipée d’un système technique permettant de contrôler la marche des trains », s’indigne Frank Schmidt, le président de GDL pour la région Rhénanie du Nord.
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