Aubagne fait le pari de la gratuité
Mis à jour le 23 mai 2017
La gratuité dans les transports urbains était au cœur du programme électoral de la liste Gauche unie conduite, lors des dernières municipales, par le maire sortant d’Aubagne, Daniel Fontaine Elle sera effective « dans le courant du premier semestre 2009 » et « pour tous les voyageurs » des « bus de l’agglo », annonce le maire d’Aubagne, président de la commission des Transports de cette communauté de 11 communes et 96 000 habitants aux portes de Marseille. L’agglomération compte couvrir les pertes de recettes de billetterie – soit 749 000 euros en 2007 qui représentent moins de 10 % des dépenses (9,4 millions d’euros) – par le versement transports, la taxe versée aux AOT par les entreprises de plus de 9 salariés. A Aubagne, le produit de cette taxe au taux de 0,6 % est de 2,8 millions d’euros par an. Or ce taux passe à 1 % lorsque la collectivité dépasse les 100 000 habitants, chiffre que l’agglomération serait sur le point d’atteindre. Ce complément fiscal sera le bienvenu à l’heure d’adapter le réseau. « Les villes qui ont fait le choix de la gratuité ont vu la fréquentation exploser, comme à Châteauroux, une agglomération comparable à la nôtre, ce qui ne va pas sans poser des difficultés. Le matériel s’use davantage, il faut revoir le cadencement du réseau et on peut penser que, sur les lignes structurantes, un renforcement de l’offre sera nécessaire », reconnaît Daniel Fontaine. Mais le choix est fait et, pour Alain Belviso, président de l’agglomération, il est audacieux : « L’audace aujourd’hui, c’est le transport urbain gratuit ; c’est autre chose qu’un chèque transports que le patronat ne veut pas payer. » Pour lui, c’est une « rupture » et « une démarche globale en faveur des transports publics, du développement durable et de l’efficacité sociale » qui va au-delà des appartenances politiques. Et de citer la majorité UMP de Châteauroux, qui a instauré en 2002 la gratuité dans les transports. « Nous sommes allés voir et nous sommes revenus confortés dans nos choix », s’enthousiasme Alain Belviso. Dans les cartons du Pays d’Aubagne et de l’Etoile il y a aussi la réalisation d’une ligne de tramway est-ouest de 7 km entre la zone d’activité des Paluds, à Aubagne, et la commune de La Penne-sur-Huveaune. Elle devrait être en partie sur l’emprise d’une ancienne ligne de tramway abandonnée à la fin des années 50. L’agglomération veut aussi lancer la réalisation d’un TCSP nord-sud de 17 km, dont le mode reste à définir, sur l’emprise de l’ancienne voie ferrée de Valdonne reliant le pôle d’échanges d’Aubagne (dont l’extension devra être envisagée) aux communes de Roquevaire, Auriol et La Bouilladisse. Cette ligne suit l’axe le plus emprunté aujourd’hui par les automobilistes de l’agglomération. « En octobre nous allons lancer les premières études et réunir des groupes de travail avec la population, annonce Alain Belviso. Nous souhaitons qu’à la fin du mandat les premières sorties de terre soient réalisées. » L’agglomération compte mener ces deux projets de front. Un « schéma vélo » est par ailleurs en cours de finalisation et un dispositif de prêt de vélos va être expérimenté. Il est lancé lors des journées des transports à Aubagne, du 17 au 19 septembre. Chaque vélo est prêté pendant trois mois à une même personne. Le prêt est renouvelable trois fois. L’agglomération compte établir un bilan dans neuf mois. Un Plan de déplacements entreprises va également être proposé aux sociétés de la ZA des Paluds. Et, pour montrer l’exemple, la communauté d’agglomération, dont le siège y est implanté, en propose un à ses 200 salariés. Enfin, il faut ajouter à ces projets la construction d’une troisième voie ferroviaire entre Marseille et Aubagne qui, vers 2013, devrait permettre la circulation d’un TER toutes les 10 minutes entre les deux villes. A Aubagne, le choix de la voiture risque d’être bientôt obsolète…
José SOTO