Le « bashing » anti-SNCF a encore frappé. Les médias français dans leur quasi-totalité se sont gaussés de la SNCF après l’inauguration fastueuse des deux prolongements de lignes à grande vitesse vers Rennes et Bordeaux le 1er juillet dernier. Ecrans géants, fanfares, ribambelles d’invités, petits fours, champagne et même caviar à la voiture-bar ! Le tout pour six millions d’euros, une somme jugée scandaleuse en ces temps de disette budgétaire.
Ce nouvel emballement contre la SNCF est pourtant aussi gonflé que la somme de six millions d’euros des festivités. Diffusé par la lettre spécialisée Mobilettre, à peine les coupes de champagne rincées, le chiffre est trompeur. Selon la direction de la communication de l’entreprise publique, ce budget de six millions comprend en effet toutes les opérations de préparation et l’ensemble de la communication pour ce double événement prévu sur toute l’année 2017. Il inclut notamment les répétitions techniques des circulations de trains ou encore le film à la gloire du TGV (sûrement un budget conséquent). Des opérations de promotion (animations, distributions de produits locaux, dispositifs d’information, partenariats avec les collectivités…) comprises dans cette enveloppe sont encore programmées jusqu’en septembre dans les gares et dans les trains, s’adressant au grand public.
Les deux inaugurations elles-mêmes (il y en avait deux puisque deux LGV étaient lancées simultanément) n’auraient coûté que, si l’on peut dire, 3,6 millions d’euros. Les festivités ont donc été doublées, avec les deux grandes fêtes à Rennes (Bretagne) et Bordeaux (Nouvelle Aquitaine) pour 1,7 million d’euros dans chaque ville. Sans oublier un arrêt de la rame inaugurale Bordeaux – Rennes à Angers (Pays-de-la-Loire), où l’on a aussi célébré l’événement, pour 200 000 euros.
Elles ont rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les trois régions ou à bord des premiers trains, dont de nombreux élus, des délégations étrangères venues admirer le savoir-faire hexagonal et plus de 250 journalistes français et internationaux. Quant aux buffets proposés aux convives, et au fameux caviar, la SNCF avait en fait négocié une prestation globale permettant de faire découvrir les produits locaux et laissant une grande liberté aux chefs, notamment au chef toulousain Michel Sarran, dans le choix des produits à servir. D’où de nombreuses dégustations très locales servies lors du buffet ou à bord des trains, dont le caviar produit en Aquitaine.
La SNCF explique que les six millions d’euros dépensés « représentent 0,05 % du montant du budget global investis dans ces LGV (12 milliards) alors que les normes en pratique dans la plupart des entreprises sont plutôt des budgets de lancement autour de 1 % du budget global ». Selon elle, même si la somme est importante, elle a été bien en deçà de ce qui se pratiquait il y a quelques années quand des LGV étaient inaugurées : 7,5 millions d’euros avaient été dépensés pour fêter le lancement de la première phase de la LGV Est Européenne et 5 millions pour l’inauguration de la LGV Méditerranée.
M.-H. P.