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Eiffage Rail, un nouvel acteur des voies ferrées

24 Fév 2010

Travaux de voie

Mis à jour le 23 mai 2017

Avec le rachat de la société allemande Heitkamp Rail fin décembre, Eiffage Travaux publics est devenu un des grands acteurs français de la maîtrise d?ouvrage ferroviaire Le monde de la voie ferrée compte désormais un nouvel acteur français : Eiffage Rail. Le 29 décembre, Eiffage Travaux publics a en effet racheté au groupe néerlandais Heijmans la société Heitkamp Rail GmbH, spécialisée dans la construction et la maintenance des voies. Basée à Bochum (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) et comptant plusieurs implantations en Europe, notamment en France, au Royaume-Uni et en Pologne, cette entreprise allemande forte de 300 collaborateurs a réalisé un chiffre d’affaires de quelque 90 millions d’euros lors du dernier exercice.
Après la reprise voici quelques années outre-Rhin de Wittfeld, société experte en génie civil des infrastructures ferroviaires (environ 70 millions d’euros de CA), et en incluant les activités voies ferrées de la Société des travaux publics de Valenciennes (STPV, environ 10 millions d’euros de CA, une quarantaine de personnes), le groupe Eiffage renforce donc très fortement son offre ferroviaire et compte bien se positionner face à des maîtres d’ouvrage tels que RFF ou autres.
Son idée d’entrer sur le marché de pose des voies n’est pas nouvelle. « Nous avions “compétité” aux acquisitions précédentes de Vossloh et de Spie Rail. Dans les deux cas, nous avons été battus par nos deux grands confrères, explique Jean Guénard, président d’Eiffage Travaux publics. Le fait qu’il y ait eu cette absorption par nos concurrents de deux des trois acteurs français dans ce domaine nous a alertés sur la nécessité de disposer de nos propres moyens. Paradoxalement, malgré ce retard, nous avons une avance importante par rapport à eux : avoir livré clés en main la concession ferroviaire Perpignan – Figueras. A cette occasion, nous avions déjà constaté les avantages de posséder notre société de pose de voies, puisque sur ce chantier Wittfeld a effectué la moitié des travaux, l’autre moitié ayant été exécutée par les filiales espagnoles de notre partenaire ACS Dragados. » Autre motivation de taille, la perspective des très grands projets annoncés par le gouvernement, avec 2 000 km de lignes nouvelles envisagés dans l’Hexagone, ainsi que des programmes de lignes à grande vitesse européens comme au Portugal ou en Pologne.
Bien avant même l’idée de racheter Heitkamp Rail, Eiffage avait d’ailleurs noué des contacts commerciaux avec elle, qui travaille essentiellement en Allemagne, en Hollande, en Suède et à Taïwan. Ses moyens techniques dans ce domaine, qui sont désormais devenus ceux d’Eiffage Rail, sont importants. Depuis une quinzaine d’années, la société dispose notamment d’un train de suite rapide. Un deuxième, actuellement en construction chez Matisa sur la base d’un P95 adapté au marché français, va être livré avant cet été. Le rachat s’est fait à l’initiative de Heijmans et entre-temps, sur le plan rail Midi-Pyrénées, la société allemande a très largement participé au lot B consistant à régénérer des lignes régionales autour de Toulouse. « Avec cette acquisition, nous avions trois motivations principales, poursuit Jean Guénard. La première, nous doter de notre propre outil pour être indépendant, autonome en matière de grandes infrastructures, et donc ne pas se retrouver dans les mains de nos concurrents. La deuxième, être présents sur un marché de régénération extrêmement porteur depuis l’inventaire sur l’état du réseau fait par le professeur Rivier. Et nos deux trains de suite rapide vont être compétiteurs sur ces marchés à long terme. » Aujourd’hui, la politique de la société vise à chaque fois que c’est possible à travailler seule. Mais elle reconnaît que dans certains domaines les moyens à mettre en œuvre en termes techniques, d’hommes, de matériels, d’investissements et de délais font que le recours au groupement constitue inévitablement un plus pour le maître d’ouvrage. « Dans ces cas-là, nous y recourrons. Ce n’est pas un problème de doctrine, mais d’adaptation au marché. Notre but ne consiste pas à venir tout révolutionner. Nous n’excluons pas sur ces grands chantiers de régénération de travailler en groupement avec des partenaires français de toute taille. » Enfin, troisième motif de cet engagement d’Eiffage Travaux publics dans le ferroviaire : la construction d’infrastructures de tramway. La société a déjà participé à une quinzaine de lignes ou de sites propres en France. Ses derniers succès concernent un lot sur Montpellier, un à Orléans et deux à Angers. Disposer de l’ensemble des outils lui permet d’être plus compétitive sur de telles créations et ne peut qu’être une source de profit. Mais sa stratégie consiste néanmoins à ne répondre aux appels d’offres « que sur ce que nous faisons nous-mêmes. On ne souhaite pas dépenser des sommes considérables en études en étant livrés au hasard des groupements avec tel ou tel fournisseur de matériel roulant ». Par contre, dans un futur proche, Jean Guénard imagine bien fournir de l’infrastructure totale clés en main. « Nous l’avons bien fait sur Perpignan – Figueras, il n’y a pas de raison de ne pas le faire pour les tramways. »
 

Michel BARBERON
 

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