Exclusif : le patron des chemins de fer ukrainiens fait le point après un an de guerre
Il y a un peu plus d’un an, un soir vers minuit, nous avions réussi à parler via Skype à Oleksandr Pertsovskyi. Le PDG de la branche Voyageurs des chemins de fer ukrainiens nous avait alors raconté être parti de chez lui le premier jour de l’invasion pour ne plus y revenir. La voix fatiguée après des nuits sans sommeil, le jeune dirigeant de 36 ans nous avait impressionné par sa détermination. Un an après, Oleksandr a bien voulu nous raconter son travail d’aujourd’hui. « Nous ne sommes pas militaires mais nous nous considérons tous comme des soldats », affirme-t-il.
Ville, Rail & Transports : Dans quel état se trouvent les chemins de fer ukrainiens aujourd’hui ?
Oleksandr Pertsovskyi : Le réseau ferré que l’on peut utiliser est désormais plus étendu qu’il y a un an. Nos troupes ont repris le contrôle des villes qui étaient occupées, puis les cheminots ont travaillé pour remettre en état le réseau. Aujourd’hui, nous pouvons desservir toutes les grandes villes sous contrôle ukrainien, y compris Kherson qui a été occupée par les Russes et qui est revenue dans notre giron.
Nous sommes en train de réaliser de grands travaux pour réparer la ligne qui dessert Kramatorsk, dont la gare a été bombardée il y a un an, faisant 61 victimes innocentes. C’est notre façon de commémorer cette attaque, en rénovant cette ligne de Kramatorsk vers Kiev pour démontrer que cette ville fait bien partie de notre pays.
Il reste encore quelques villes où les liens ne sont pas encore rétablis, comme Bakhmout qui ne peut évidemment pas être reliée au réseau ferré.
Nous travaillons en collaboration avec l’armée pour savoir s’il est possible de faire passer des trains ou pas, selon les zones. Nous suivons évidemment l’évolution du front, notamment à côté de la centrale nucléaire de Zaporijia. Nous avons dû suspendre la ligne ferroviaire qui passe juste à côté. Nous évaluons les risques mais il n’y a jamais de risque zéro.
Depuis un an enfin, nous avons recréé des liens avec l’Europe, notamment grâce à une nouvelle connexion avec la Roumanie. Et avec la Pologne, entre Kiev et Varsovie, via une ligne que nous avons récemment testée pour qu’elle soit fonctionnelle en juin, tant pour les voyageurs que pour les marchandises.
VRT : Comment procédez-vous pour décider des réparations à lancer ?
O. P. : Nous décidons de lancer des travaux en fonction de la fréquentation des lignes, passagers et marchandises. Nous le faisons quand il n’y a pas d’autres alternatives que le rail. C’est d’autant plus compliqué que l’Ukraine dispose d’un écartement des rails différents
L'article complet ( 1581 mots) est réservé aux abonnés ou aux détenteurs d’un porte-monnaie électronique, connectez-vous pour y accéder.
*Formule numérique sans engagement à partir d’un 1€ par mois !
Publié le 11/03/2022