Expérimentation de détection d?explosifs sur le réseau francilien
Récemment, une recherche d?explosifs sur des voyageurs volontaires a été menée à la station de métro-RER Bibliothèque-François-Mitterrand, à Paris Avec un tel dispositif, toute trace d’explosif serait immédiatement détectée. Il suffit en effet de frotter un simple chiffon puis de le placer dans un appareil de détection par spectrométrie de masse pour avoir la réponse en environ 30 secondes. Mais voilà, on est loin de sa généralisation. Pour l’instant, on le teste. Impossible de gérer la menace terroriste dans les transports de masse que sont les réseaux RATP et SNCF en Ile-de-France comme dans l’aérien. « La masse de voyageurs qui vont et viennent ne permet pas de contrôle systématique et linéaire comme avec les portiques et palpations utilisés dans les aéroports, car cela créerait des perturbations inacceptables », souligne Didier Roch, chargé de mission au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Depuis 2005, suite aux attentats dans le métro londonien, le gouvernement a lancé des groupes de travail interministériels (Intérieur et Transport) en partenariat avec la préfecture de police de Paris et les deux exploitants franciliens, qui sont tenus de mettre leurs installations à disposition.
Les premières applications concrètes de ces travaux sont les expérimentations. La première s’était déroulée en novembre 2006 à la gare de Lyon, mais sans la participation du public. Plus récente, la deuxième a fait plus de bruit, puisqu’elle avait pour but principal de vérifier l’acceptabilité auprès des voyageurs. Du 25 au 30 janvier, puis du 8 au 12 février derniers, à la station Bibliothèque-François-Mitterrand, où passent la ligne 14 du métro et la ligne C du RER (SNCF), quatre dispositifs (un fixe et un mobile pour chaque transporteur) ont permis à quelque 2 000 voyageurs volontaires, choisis aléatoirement, de se soumettre au test. Il s’agissait de frotter un petit chiffon à l’extérieur de leur sac pour vérifier l’existence ou non de la moindre trace d’explosif puis de répondre à un questionnaire d’évaluation. Une patrouille du SRPT était mise à disposition, ainsi que des agents de sécurité SNCF et RATP. Leur intervention n’a pas été nécessaire, tous les contrôles s’étant bien sûr révélés négatifs.
« Les résultats sont en cours de dépouillement, mais l’on peut déjà dire que les voyageurs ont bien coopéré, un sur deux a refusé, principalement par manque de temps », poursuit Didier Roch. Mais les trois objectifs – « observer l’impact de l’opération sur les voyageurs, les flux et le personnel d’exploitation, vérifier le comportement des appareils en souterrain, encourager la R&D en offrant un lieu privilégié pour l’exercice » – sont atteints. Le lieu, qui voit transiter en moyenne 87 000 personnes par jour, a été choisi pour son côté multimodal, sa conception moderne, sa configuration avec de nombreux accès et le brassage sociologique, qui a permis de toucher des populations hétérogènes, du cadre à l’étudiant.
Des expériences du même type ont déjà été menées aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, selon le responsable du SGDSN. Il est prévu d’en mener d’autres à Paris, « qui traiteront d’autres aspects, ce sera défini par le comité de projet associant l’Etat et tous les acteurs », précise-t-il. Par exemple, la détection focalisée sur sacs et bagages pourrait cette fois se porter sur les personnes, par exemple sur leurs mains. Ce genre d’opération coûte dans les 60 000 euros, payés naturellement par l’Etat dans le cadre de sa mission de sécurisation des citoyens. Certains dispositifs, beaux sur le papier, pourraient ne pas passer l’expérience du terrain. Ce n’est vraisemblablement pas le cas de celui-ci. Pour autant, on est bien loin d’une éventuelle généralisation…
Cécile NANGERONI
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt