Selon notre confrère Mobilettre, le sort de Philippe Yvin, le président du directoire de la SGP, serait scellé. L’Etat aurait lancé la procédure de recrutement d’un successeur. Ce n’est pas une surprise, et depuis des mois le petit Paris des transports bruissait de la rumeur du départ du président du directoire de la SGP. En cause, bien sûr, les dérapages de quelque huit milliards d’euros dans le coût estimé de réalisation du projet (35 au lieu de 27). On attendra qu’un Pascal Auzannet [voir aussi Grand Paris : Auzannet dit tout (ou presque)] se penche sur les épisodes les plus récents de l’histoire du Grand Paris Express pour voir la part de chacun dans les dérives. On attendant, les langues se délient et les commentaires sont assez sévères.
Pas sur la personne de Philippe Yvin. Sur le fonctionnement de la SGP, décrit comme une administration, qui ne sait pas refuser grand-chose aux élus. Une société faite pour porter le projet, pas pour le réaliser. Pas une entreprise. Cette faiblesse dans la maîtrise d’ouvrage, est-ce sa faute ? Evidemment pas. L’Etat maintient la SGP dans un état de sous-effectif constant, avec 210 personnes. (A titre de comparaison, le prolongement d’Eole, de 3,8 milliards, représente une soixantaine de personnes en maîtrise d’ouvrage ; voire 130 en MOA et MOE confondues, dont seulement 20 % d’experts externes ; et on ne sache pas que la direction d’Eole se tourne les pouces). Surtout l’Etat, aujourd’hui comme hier, a mis à la tête de la SGP un préfet. Etienne Guyot, nommé en 2011, débarqué en 2013 et alors remplacé par Philippe Yvin. Pour que la SGP grandisse, il serait bon que l’Etat en fasse autant, sache ce qu’il veut (gouvernance, métro, il paraît que c’est pour bientôt), et mette à la tête de la Société du Grand Paris un dirigeant ou une dirigeante connaissant la maîtrise d’ouvrage.
Cela dit, il y a tout de même un point sur lequel la communication de la SGP a été calamiteuse. Celle qui a consisté à dire, dès qu’on a pointé les surcoûts, « qu’on ne pourrait parler de dérapage budgétaire que lorsque les coûts d’objectifs auront été fixés ». Autrement dit que les estimations sur lesquels la communication publique avait été faite et sur lesquels étaient calibrés les financements, n’avaient qu’une valeur indicative. Même raisonnement quasiment pour les délais. On espère que, avant le 3 février, date retenue pour la descente du premier tunnelier dans le puits de Champigny, on aura un vrai calendrier du métro et un devis qui tiennent.