C?est en Autriche que, dans le cadre des tout derniers essais avant homologation, la rame test n° 5 doit faire preuve de son bon comportement lorsqu?elle est soumise aux conditions climatiques les plus extrêmes Au Rail Tec Arsenal de Vienne, en Autriche, c’est tout simple : pour que le temps change, radicalement, il suffit d’appuyer sur un bouton… Ce 16 octobre, sous le regard attentif de Jean-Paul Huchon, président de la région et du Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), de Christian Cochet, directeur délégué de Transilien SNCF, et de Jean Bergé, président de Bombardier Transport France, une rame du futur matériel Francilien y subit les derniers outrages climatiques. A l’intérieur d’un tunnel isolé futuriste, une « grande chambre climatique » de 100 m de long calfeutrée qui de l’extérieur a l’allure d’un iceberg, des murs de lumières style cabine à UV font monter la température à 35° alors que des souffleries font débouler un vent à 110 km/h, simulant une vitesse du train à 140… Lunettes de soleil sur les yeux, un technicien s’en amuse : « C’est le dernier endroit d’Europe où l’on bronze. » Pendant six semaines, on y teste la rame d’essai n° 5, dans des conditions qui peuvent y être encore beaucoup plus extrêmes. A Vienne, le Francilien en essais est dans la dernière ligne droite. A « J moins 38 ». Dans moins de deux mois, le 13 décembre, deux premières rames du train des lendemains qui doivent moins déchanter, des trains garantis de « nouvelle génération », seront mises, si tout va bien, en service commercial sur la ligne H du réseau Transilien entre Paris-Nord et Luzarches, dans le Val-d’Oise. Pour former les conducteurs, les agents de maintenance, effectuer les « marches à blanc », les circulations à vide en conditions réelles d’exploitation, une première rame de série, la rame 8, est arrivée aux ateliers de Joncherolles le 21 octobre vers 18h30 avant d’effectuer une première marche d’essais vers Saint-Denis et Paris-Nord. Puis une seconde rame est attendue au mois de novembre. Au cours de ce même mois, devrait suivre l’homologation du Francilien par l’Etablissement public de sécurité ferroviaire, dernière étape avant la mise en service. D’ici là, les essais se poursuivent, à Vienne mais aussi à Crespin, le grand site de Bombardier en France, et ailleurs… Ultimes préparatifs, dernières vérifications indispensables pour que le matériel soit déclaré « bon pour le service ». Ces séries d’essais se situent dans le cadre du processus de qualification et d’homologation de ce train. Afin de s’assurer en particulier du bon fonctionnement de ses équipements aux conditions climatiques, de vérifier que le niveau de confort proposé répondra bien aux 4 800 exigences techniques, dont 1 900 « indispensables ». Le Francilien doit pousser à la retraite le symbole de l’inconfort pour les voyageurs du quotidien en Ile-de-France, les fameuses rames inox sombrement surnommées « petits gris ». Les plus anciennes datant de 1965. Et par un « effet domino », à partir des livraisons de ces 172 premières rames, d’un coût de 2,094 milliards d’euros, Francilien viendra moderniser l’ensemble des lignes. De quoi faire en sorte qu’en 2016 tout le matériel circulant sur le réseau soit neuf ou rénové. Le rythme de livraison a même été accéléré, de 30 à 40 au cours de la première année. Jean-Paul Huchon l’affirme : « C’est un objectif particulièrement ambitieux mais nous allons le tenir. Nous avons eu raison d’être constants. C’est l’image du transport en Ile-de-France, et même en France, qui se joue là-dessus. »
Pascal GRASSART