Les quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF ont organisé un rassemblement le 23 mai dans le 7ème arrondissement de Paris, à côté du ministère des Transports, où elles ont été reçues peu après à propos de l’avenir de Fret SNCF. Encore dans le doute sur le plan de sauvetage prévu par le gouvernement (réduction de la voilure de 30 % au profit de la concurrence, suppression de 10 % des effectifs sur un total de 5000…), elles ont fait part de leur colère face à la casse du fret ferroviaire français. Extraits.
« Seul un opérateur public ne se concentre pas que sur les activités rentables » Thierry Nier, secrétaire général adjoint de la CGT Cheminots
« Certains pensent que c’est un enterrement de première classe. Nous disons que la messe n’est pas finie. Fret SNCF assure 50 % du trafic de fret ferroviaire et est capable de répondre à toutes les demandes. Seul un outil de service public peut répondre aux enjeux de fret ou de voyageurs car l’opérateur public ne se concentre pas que sur les activités rentables. Il peut mutualiser ses moyens de production. Il permet de répondre aux demandes des chargeurs sur notre territoire. Nous demandons au gouvernement d’être plus combatif face à la Commission européenne et à la SNCF de ne pas accélérer la casse ».
« La concurrence a conduit à la diminution de moitié du fret ferroviaire » Didier Mathis, secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire
« L’ensemble des cheminots est vent debout contre la casse du fret. L’Unsa-Ferroviaire est contre la concurrence, non pas par dogmatisme mais par pragmatisme et pour l’écologie. L’ouverture à la concurrence a démontré ses nombreux méfaits. Elle a conduit à une diminution de moitié du fret alors que les pontes nous annonçaient en 2006 son doublement. Demain, la concurrence arrivera pour les voyageurs et on verra aussi ses désagréments.
Des aides d’Etat ont été nécessaires pour maintenir à flot le trafic de fret. Sans cela, il y aurait eu plus de poids lourds sur les routes, d’autant qu’ils ne sont pas obligés de passer à l’électrique. Il y a une distorsion de concurrence ».
« Il est temps d’avoir une vraie politique des transports » Erik Meyer, responsable Sud-Rail
« Nous vivons une période formidable : le gouvernement présente hier un rapport sur le climat et le lendemain annonce la liquidation de Fret SNCF. Or, un train remplace 50 camions. Il est grand temps de sortir le fret ferroviaire de la concurrence et d’avoir une vraie politique des transports avec des décisions contraignantes pour les chargeurs de passer au fer. Ou pour les méga-entrepôts d’être embranchés au fer.
Avec l’ouverture à la concurrence, on a fait exploser le nombre de camions sur les routes. La loi du marché, c’est un poison pour l’écologie ».
« Nous sommes mobilisés dans l’unité syndicale » Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots
« Aujourd’hui, nous avons un besoin vital d’un transport de marchandises qui passe par le rail. Fret SNCF est revenu à l’équilibre et assure un service public qui a été ô combien apprécié pendant le Covid. On ne peut pas mettre en avant la nécessité de la transition écologique et couler l’outil nécessaire pour le réaliser. La CFDT est mobilisée dans l’unité syndicale. Nous avons les leviers classiques de la grève, des rassemblements, pour interpeler les pouvoirs publics. Nous pouvons aussi -et c’est un autre levier important- prendre à témoin l’ensemble de la société pour montrer le paradoxe de la situation actuelle du fret face à l’urgence climatique ».