Grande vitesse : Alstom, la stratégie non articulée
Ceci n’est pas un TGV. Ceci n’est – surtout pas – un AGV. Ceci est la nouvelle plateforme de train grande vitesse lancée tellement hâtivement par Alstom qu’il n’a pas pris le temps de lui trouver… un nom. Ce nouveau train présenté par le constructeur français sur l’appel d’offres des chemins de fer italiens (FS) qui veulent 50 trains à très grande vitesse a surpris son monde, y compris chez le constructeur français, dont certains cadres ignoraient l’invention. « C’est un nouveau train, bien sûr. Mais nous avons pioché dans notre banque d’organes pour trouver de quoi répondre au cahier des charges », a confié le président d’Alstom Transport, Philippe Mellier, au magazine Challenge. 400 km/h, 600 personnes assises dans un train de 200 m, un Meccano entre AGV et Pendolino. Et, surtout, la première rame non articulée à très grande vitesse d’Alstom. Selon les observateurs, à court terme, cette stratégie est une sorte de coup de poker pour s’imposer auprès de l’opérateur italien, qui ne voit pas le constructeur français – fournisseur de son concurrent NTV – d’un très bon œil. Ce n’est pas un hasard si les Italiens ont spécifié dans leur cahier des charges qu’ils voulaient une architecture conventionnelle. « Non articulé », cela veut dire « pas Alstom », traduit un observateur qui voit mal le constructeur français l’emporter face à Bombardier.
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt