Pour limiter la propagation du virus et protéger le personnel, des équipes en charge de l’innovation au sein d’Infrabel, le gestionnaire du réseau ferré belge, ont mis au point plusieurs outils en se basant sur leurs recherches en intelligence artificielle. Après une première phase d’essais dans un bâtiment bruxellois d’Infrabel et l’aval des conseillers en prévention, des capteurs sont en cours d’installation dans cinq sites pilotes (ateliers, réfectoires…) jugés « propices aux regroupements » par Infrabel. Ils permettront de lancer une alerte lorsque les distances minimales ne seront pas respectées ou en cas de non-port correct du masque.
Infrabel donne comme exemple un réfectoire recevant, en temps normal, une trentaine d’agents, mais où le nombre de personnes autorisées est désormais limité à huit, avec obligation de respecter une distance d’1,5 m. L’autre exemple donné est un couloir d’accès à un bâtiment mis en sens unique. En cas de non-respect des règles (faible distance, suroccupation, absence de masque ou mauvais port de ce dernier), une mise en garde sonore se fait entendre.
« Ces innovations ne se substituent pas aux gestes barrières ; elles contribuent à rappeler que la vigilance doit être constante afin de réussir le processus de déconfinement en cours. En ce compris dans la sphère professionnelle », précise le gestionnaire du réseau ferré belge.
Des outils utiles pour la sécurité sur les chantiers ferroviaires
Ces outils, parmi les premiers du genre à être installés dans le monde du travail selon Infrabel, ont été conçus et développés par ses équipes ICT (Information and Communication Technology), qui ont réussi à extraire les caractéristiques d’une scène 3D grâce à une simple caméra – image 2D – et un algorithme qui permet de calculer les coordonnées des individus et ainsi de déterminer les distances entre eux. Cette nouvelle application liée au coronavirus est directement dérivée d’une réflexion menée depuis plusieurs mois sur l’adaptation de l’intelligence artificielle aux besoins et aux risques spécifiques des métiers du rail. Deux projets étaient en effet sur le point d’aboutir avant la crise sanitaire : la reconnaissance du port des équipements de protection individuelle (EPI) et un système de détection de situations dangereuses (chute d’un technicien sur les voies…) Mais « à la lumière de la crise qui s’annonçait, cette activité de recherche et développement a été réorientée et adaptée à des besoins sanitaires en un temps record », se félicite Infrabel, qui « est aujourd’hui l’une des premières entreprises à mettre ce type d’aide à disposition de son personnel ». Le gestionnaire du réseau ferré belge ajoute que plusieurs entreprises ont déjà fait part de leur intérêt pour ces innovations et que « d’autres outils existant sur le marché viendront compléter cette palette ».
En effet, Infrabel a commandé auprès de tiers une centaine d’émetteurs individuels. Portés en bracelets ou fixés sur un casque, ils sont basés sur la technologie UWB (Ultra Wide Band, ultra-large bande) qui permet de mesurer les distances à 10 centimètres près. Destinés à être plus spécifiquement portés sur le terrain, ces émetteurs peuvent vibrer, émettre un signal sonore ou clignoter lorsque deux techniciens se rapprochent trop l’un de l’autre. Infrabel assure avoir pris l’engagement auprès des représentants du personnel à recourir à ces outils dans le plus strict respect de la Réglementation générale sur la protection des données (RGPD).
P. L.