Jour après jour, la Deutsche Bahn (DB) s’enfonce dans le rouge. Richard Lutz, le président de la compagnie ferroviaire allemande, a prévenu Andreas Scheuer, son ministre de tutelle aux Transports, que si l’Etat – propriétaire à 100 % – veut continuer à faire circuler les trains malgré l’absence de voyageurs, il faudra qu’il en supporte les coûts.
Le gouvernement allemand a en effet imposé à la DB de maintenir un service minimum suffisamment important pendant la crise pour assurer la circulation des personnes. Actuellement, 75 % des trains circulent en Allemagne… pratiquement à vide (10 à 15 % du trafic habituel).
« Cette politique des trains vides engendre des déficits monstrueux », critique l’opposition libérale (FDP). Le besoin de liquidités est en effet équivalent à la compagnie aérienne privée Lufthansa qui a presque toute sa flotte clouée au sol.
Selon les informations du magazine « Der Spiegel », la DB a besoin de 8 à 10 milliards d’euros d’ici 2024 – autant que Lufthansa – pour s’en sortir financièrement tout en conservant le programme de modernisation du réseau, incontournable pour rattraper un retard d’investissements important dans les infrastructures.
L’aide pourrait se faire sous la forme d’une augmentation de capital. La discipline budgétaire à l’allemande, appliquée également à la DB, devrait être alors abandonnée. Tandis que la dette était encore sous les 20 milliards avant la crise (limite autorisée), elle devrait passer à 25 milliards en prenant en compte les mesures d’économie qui accompagneront les aides. Les syndicats craignent que les 100 000 embauches prévues ces prochaines années ne soient désormais remises en cause.
Christophe Bourdoiseau, à Berlin
Il y a 8 mois - Marie-hélène Poingt
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