La SNCF dévoile un nouveau projet pour la gare du Nord
09 Mar 2022
© AREP
Après l’abandon en septembre 2021 du grand programme de rénovation de la gare du Nord, pour cause de dérapages financiers et calendaires, la SNCF a revu à la baisse ses ambitions : le nouveau plan qu’elle a présenté le 3 mars aux élus et aux associations d’usagers ou de riverains, consiste avant tout à s’adapter à la hausse prévisible du trafic et à favoriser l’intermodalité pour un coût global de 55 millions. Soit bien moins que les 600 millions d’euros programmés par StatioNord, la société réunissant Ceetrus (groupe Auchan) et SNCF Gares & Connexions, somme qui risquait de s’envoler à 1,5 milliard d’euros.
Le projet Horizon 2024, – c’est son nom – doit en effet répondre à l’augmentation de fréquentation que devraient susciter deux grands événements sportifs : d’abord la Coupe du monde de rugby en 2023, du 8 septembre au 28 octobre (10 matchs au Stade de France dont les quarts, demis, et la finale), puis les jeux Olympiques de 2024, du 26 juillet au 11 août, suivis des jeux Paralympiques, 28 août au 8 septembre.
« Nous devons améliorer les flux de voyageurs dans la gare », explique Hélène Marbach, directrice du projet Horizon 2024 à SNCF Gares & Connexions. Ainsi, dans la partie Grandes lignes de la gare, trois kiosques commerciaux situés au milieu du quai transversal seront retirés. Ce qui doit permettre d’agrandir les espaces d’attentes et de mieux séparer les zones dédiées aux déplacements de celles consacrées à l’attente. Le local destiné aux personnes en situation de handicap sera aussi étendu, notamment en prévision des jeux Paralympiques.
Sur la mezzanine, le terminal Transmanche doit être réaménagé, toujours dans l’objectif de fluidifier le parcours des voyageurs. « Aujourd’hui, il y a le contrôle de billets, puis la douane française, puis la douane britannique, et enfin le contrôle des bagages. Nous allons ajouter de nouveaux sas de contrôle, en gagnant sur un local technique », poursuit Hélène Marbach.
Côté Transilien. la SNCF prévoit de changer les escaliers mécaniques qui mènent aux quais souterrains de la gare ainsi qu’au métro. Ce sera d’ailleurs le point de départ du chantier en octobre prochain. Un réaménagement de la ligne de contrôle est également prévu. Aujourd’hui décalés, ces portillons seront à terme alignés et permettront, en prenant notamment la place d’un commerce déjà fermé en prévision du premier projet de réaménagement, de gagner un espace d’attente de 200 m2, avec deux petits kiosques pour du café et des snacks. « Le matin, dans le sens des arrivées, c’est fluide. les navetteurs quittent les quais rapidement. Mais le soir, dans le sens Paris – banlieue, c’est important d’avoir un espace pour les voyageurs qui attendent leur train, même quelques minutes », souligne-t-on encore du côté de Gares & Connexions.
Autre nouveauté, la création d’une liaison entre les quais du Transilien et la gare routière. Celle-ci va faire l’objet d’une modification importante. « A terme, ce sera une nouvelle entrée de la gare », explique Raphaël Ménard, le président du directoire de l’AREP, la filiale architecture du groupe SNCF. « L’espace de la gare routière, un peu délaissé, sera transformé en un parvis haut mêlant bus, mais aussi piétons et vélos, avec la halle ».
Pour créer cette nouvelle entrée, l’immeuble du 177 rue du faubourg Saint-Denis, où entrent les bus, sera démoli. C’est aussi par là que les bus sortiront. La rampe qui débouche sur le parvis de la gare (aujourd’hui utilisée par les bus), rue de Dunkerque, sera réservée aux piétons et aux vélos. Ils pourront ainsi facilement accéder à la nouvelle halle abritant 1 000 places de stationnement, construite spécialement le long de la gare routière. L’AREP a choisi une réalisation reprenant « les codes architecturaux de la gare en forme de halle pour s’intégrer dans son environnement », précise Raphaël Ménard.
Sur le parvis de la gare, l’espace réservé aux piétons sera agrandi notamment en gagnant sur la voirie, où seuls les transports en commun pourront circuler. Les taxis devront déposer leurs clients en surface, sur le côté ouest de la gare, dans le prolongement de la rue de Compiègne. La prise en charge se fera en sous-sol, au niveau -1 du parking Effia.
« L’avantage d’avoir une agence d’architecture dans le groupe, a permis de se mettre au travail très rapidement après l’après l’abandon de StatioNord », explique Raphaël Ménard. Les travaux devraient commencer en octobre par le changement des escaliers mécaniques. « Nous allons procéder par sous-projets », souligne Hélène Marbach : dépose taxi, quai transversal, ligne de contrôles… « Ils seront exécutés les uns indépendamment des autres de manière à réduire l’impact sur l’exploitation de la gare. » Ces travaux seront toutefois interrompus pendant les quelques semaines le coupe du monde rugby. Ils devraient être achevés pour 2024.
Parallèlement à ces premières réalisations, la SNCF va continuer à réfléchir à une rénovation de plus grande ampleur à plus long terme. « Tous les travaux d’Horizon 2024 sont évidemment pérennes », précise toutefois Hélène Marbach.
Du côté du Collectif Retrouvons le nord de la gare du Nord qui fustigeait le premier projet d’agrandissement de la gare, la satisfaction semble de mise. « Nous sommes satisfaits de la manière dont le dialogue est instauré avec les associations. C’est heureusement le contraire de ce qu’on avait connu avec le précédent projet StatioNord, qui s’était fait sans concertation », affirme Serge Rémy, son président qui voit plus loin : « Il faut que le dialogue se poursuive, pour imaginer la gare du Nord à l’horizon 2030-2035. Nous ne sommes pas des spécialistes du ferroviaire. En revanche, nous sommes spécialistes de l’usage qu’on en fait, comme voyageurs, comme riverains. Il faut penser au diptyque gare du Nord-gare de l’Est, et pourquoi pas y inclure Magenta, et même Pleyel, pour que l’ensemble soit connecté et facile d’accès et d’usage pour les voyageurs ».
Le Collectif souhaiterait que la Commission nationale du débat public soit saisie du sujet de la gare du Nord. « C’est courant en Allemagne, pourquoi pas en France ? ». Le Collectif a écrit dans ce sens au gouvernement.
Yann Goubin
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