La tangentielle Nord sort de terre en Ile-de-France
Les travaux viennent de débuter pour la première phase de la tangentielle Nord qui doit relier Épinay-sur-Seine et Le Bourget en 2004, grâce à un tram-train. À terme, les 28 km de cette rocade offriront un gain de temps considérable pour des dizaines de milliers de voyageurs qui éviteront Paris. Aux abords de la Grande ceinture nord, sur la commune de Pierrefitte, le ballet des bulldozers a débuté le 13 décembre. Avec, pour frapper les trois coups sur un terrain en friche, tout ce qui compte ici dans le petit monde des transports et de la politique. Faute d’être déjà spectaculaire, le chantier est qualifié « d’historique » : il lance la première phase de la tangentielle Nord qui doit relier en 2004 Épinay-sur-Seine et Le Bourget, soit le Val-d’Oise et la Seine-Saint-Denis, sans passer par Paris.
« C’est la première réalisation de transport de banlieue à banlieue de nouvelle catégorie », s’enthousiasme le patron de la région et du Stif, Jean-Paul Huchon. « Un exemple de ce que l’on veut faire pour compléter les liaisons radiales. » En Seine-Saint-Denis où, souligne Claude Bartolone, président du conseil général, « on sait ce que c’est d’être les mal-aimés des transports, c’est enfin un signal montrant que les retards accumulés vont être pris en compte. »
Comme le note Christian Cochet, responsable délégué Transilien à la SNCF, « c’est le premier projet d’envergure en Ile-de-France depuis Eole ». Les travaux commencent juste deux ans et demi après la signature de la déclaration d’utilité publique (DUP). François-Régis Orizet, directeur régional de RFF, qui pilote les travaux, l’affirme : « C’est la première fois que nous n’avons eu aucune observation de la commission d’experts pour la DUP et aucun recours. Cela témoigne d’une grande unanimité. »
En décembre 2014, un tram-train reliera donc Épinay au Bourget avec une rame toutes les 5 minutes en pointe, toutes les 10 minutes en heures creuses. Tram-train dont François-Régis Orizet loue la vitesse, 50 km/h, bien plus rapide que le tram, et la « légèreté » avec « une absence de bruit, moins de poids qu’un train classique et une réalisation moins coûteuse. » Christian Cochet estime la réalisation à 545 millions d’euros du kilomètre, matériel compris, grâce à la réutilisation pour partie de la Grande ceinture.
Ce premier tronçon représente la création de 11 km de voies, avec deux nouvelles voies qui prendront place le long des deux voies fret, dont elles suivront le tracé. Trois gares seront créées, quatre réaménagées, six passages à niveau remplacés par des ponts-rails ou des souterrains. Et un atelier de maintenance des trains sera construit à Noisy.
Cette liaison a vocation à être prolongée à l’est vers Noisy et à l’ouest vers Sartrouville. Soit à terme, sur 28 km, la première ligne en rocade, connectée avec toutes les RER ainsi que les réseaux Paris-Nord, Paris-Est et Saint-Lazare. Pour le voyageur, le gain de temps sera appréciable : il faudra 35 minutes pour relier Sartrouville à Noisy, contre 1 h 30 aujourd’hui, 15 minutes entre Épinay et Le Bourget. Près de 10 000 voyageurs sont attendus en pointe le matin.
Mais si le top départ est donné et les études d’avant-projet lancées pour la seconde partie, son financement est encore en négociation, la région appelant l’État à préciser son engagement. Christian Cochet souhaite que la seconde phase se réalise dans la continuité de la première. Question d’économies en termes de chantier et d’efficacité en termes de clientèle.
Publié le 10/01/2025 - Philippe-Enrico Attal
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt