Vu de l’extérieur, tout semble aller pour le mieux pour le constructeur suisse de matériel roulant Stadler, qui connaît un développement impressionnant depuis une vingtaine d’années. En dépit du cours élevé du franc suisse, les commandes tombent sur tous les continents, où de nouveaux sites de production sortent de terre. Et pour faire face à cette croissance, Stadler a été introduit en bourse en avril 2019.
Mais à sa tête, le groupe suisse connaît des « différences de point de vue dans le développement stratégique et organisationnel », qui ont abouti au départ du CEO Thomas Ahlburg, « d’un commun accord avec le conseil d’administration ». Nommé il y a moins de trois ans et remercié pour ses services, Thomas Ahlburg a été immédiatement remplacé ad interim par son prédécesseur, Peter Spuhler, qui était resté président du conseil d’administration. Ceci en l’attente de la nomination d’un nouveau CEO. Toutefois, d’ici la fin de l’année, Thomas Ahlburg restera « à la disposition de l’entreprise », en tant que Senior Advisor. Et Peter Spuhler ne tarit pas d’éloges pour l’ancien CEO « passionné et pragmatique », tout en rappelant aussitôt que l’un et l’autre n’étaient pas toujours du même avis…
Après avoir accompagné la croissance de Stadler pendant trois décennies, Peter Spuhler en reprend les rênes alors que deux nuages se présentent à l’horizon, sans qu’il soit dit s’ils ont joué un rôle dans le nouveau changement de CEO. D’une part, les conséquences à terme de la crise du Coronavirus, avec des risques sur le devenir des transports publics, ainsi que sur les finances de ces derniers et les commandes qu’ils seront en mesure de passer. Mais plus immédiatement se joue une affaire de chantage effectué par des pirates informatiques, qui réclament au constructeur 6 millions de dollars, selon l’agence de presse suisse ATS. « Stadler n’est pas et n’a jamais été disposé à effectuer des paiements aux maîtres chanteurs et n’a pas entamé de négociation », a indiqué à l’agence de presse économique et financière suisse AWP un porte-parole de l’entreprise. En réponse, les pirates ont publié des images de documents relatifs à des crédits et des contrats bancaires ainsi qu’un accord fiscal avec le canton de Thurgovie ou encore un projet de construction à Altenrhein (canton de Saint-Gall). Des données qui semblent toutefois anciennes, selon l’ATS, qui ajoute que les pirates « donnent à Stadler une seconde chance de payer avant la publication de la deuxième partie »…
P.L.