Nouveau casting à la SNCF : plus un jeu de chaises musicales qu’un profond renouvellement
16 Jan 2020
SNCF , gouvernance , Jean-Pierre Farandou , nominations , SNCF
© Keolis
Mis à jour le 21 janvier 2020
C’est un véritable jeu de chaises musicales qui est en train de se mettre en place à la SNCF, même si quatre personnalités venues de l’extérieur sont aussi attendues pour constituer l’équipe qui va gérer le groupe SNCF aux côtés de Jean-Pierre Farandou. Ces choix ont été guidés par la stratégie que souhaite mettre en place le nouveau PDG de la SNCF : « Il y a une nouvelle organisation à lancer et le casting en est la clé », a-t-il commenté après le conseil d’administration du 16 janvier où les nominations ont été présentées.
Pour diriger son cabinet, le patron de la SNCF a indiqué avoir choisi Muriel Signouret. Cette ancienne journaliste, qui était dernièrement secrétaire générale de Public Sénat et a travaillé dans des ministères, supervisera aussi le projet d’entreprise ainsi que les relations institutionnelles. Un poste élargi car il n’y aura plus désormais de secrétaire général à la SNCF.
Au niveau du comité de direction générale de la SNCF, Laurent Trevisani, proche de Jean-Pierre Farandou, qui était déjà directeur des Finances, va devenir directeur général délégué Stratégie et Finances.
Pour les ressources humaines, on savait que Benjamin Raigneau arrivait à la fin d’un cycle, se définissant lui-même comme le « DRH des grèves » ! « Il a 35 ans et il a tout son avenir à la SNCF », a indiqué Jean-Pierre Farandou, en expliquant que l’actuel DRH ferait un « break » avant de poursuivre sa carrière dans un poste opérationnel, « on ne sait pas encore lequel ».
Pour le remplacer, Jean-Pierre Farandou a fait appel à François Nogué qui fait son grand retour à la SNCF. Un professionnel estimé dans le milieu des ressources humaines en France et qui connaît bien la SNCF, a expliqué Jean-Pierre Farandou. « Je voulais quelqu’un qui va vite et qui puisse retisser les fils du dialogue social . En toile de fond, il faut que la SNCF devienne une entreprise normale », a-t-il ajouté.
De son côté, Céline Sibert, actuellement directrice de la Sûreté et également proche du patron, devient directrice de la performance managériale et leadership. « Elle doit faire émerger les cadres de demain et introduire un style de management au service de la performance », décrypte le patron de la SNCF.
Pierre Messulam se voit attribuer une nouvelle direction (Risques Sécurité-Sûreté) qu’il devra préfigurer et qui sera notamment destinée à alerter le président sur les risques et à les gérer, tandis que la direction Technologies-Innovations-Projets Groupe reste entre les mains de Pierre Izard.
Enfin, une nouvelle directrice de la Communication va prochainement arriver : il s’agit de Stéphanie Rismont Wargnier qui a passé une quinzaine d’années chez Danone et a travaillé pour Muriel Pénicaud, alternant expériences privée et publique. Elle remplacera Agnès Ogier appelée à diriger l’axe Atlantique après la décision de Gwendoline Cazenave de quitter l’entreprise.
Côté des nouvelles SA, le nouveau PDG de la SNCF avait annoncé il y a quelques semaines la nomination de Christophe Fanichet, encore un proche, aux commandes de SNCF Voyageurs. En plus de diriger cette SA, Christophe Fanichet, qui intègre le comité de direction générale du groupe, prend aussi la casquette de directeur général adjoint Numérique. Il sera notamment chargé de veiller à la diffusion du numérique dans les métiers et de revisiter l’ingénierie du système informatique d’ensemble.
Face à lui il aura, dans le giron de cette nouvelle SA SNCF Voyageurs, des personnalités fortes à la tête des différentes branches : ainsi, si Alain Krakovitch cède sa place à Sylvie Charles à la tête de Transilien, il prend la direction de Voyages. Un poste clé puisque ce sont tout particulièrement les TGV qui rapportent du cash à l’entreprise, a rappelé Jean-Pierre Farandou. « Je ne souhaitais pas le départ de Rachel Picard », a-t-il également précisé en rendant un hommage « sincère » à la patronne de Voyages qui vient d’annoncer sa décision de quitter l’entreprise. Reste que cette dernière n’a pas décroché le poste de PDG de SNCF Voyageurs qu’elle souhaitait après avoir vu sa candidature éliminée au poste de PDG de la holding SNCF.
De son côté, Frank Lacroix est un des rares qui conserve son poste à la tête des TER et obtient de surcroît une promotion : il devient également DGA Territoires pour que la SNCF intègre mieux cette dimension dans sa stratégie. A ce titre, il intègre le comité de direction générale.
Quant à Xavier Ouin (directeur industriel) et Alexandre Viros (directeur e.voyageurs.SNCF) ils conservent aussi leurs fonctions. Avec une subtilité pour e.voyageurs qui ne dépend désormais plus directement de Voyages.
Frédéric Delorme, ingénieur qui a connu une large palette de postes à la SNCF et était depuis 2016 chargé de la sécurité pour l’ensemble du groupe, devient le PDG de la SAS SNCF Fret et du Transport ferroviaire multimodal de marchandises. De son côté, Marie-Christine Lombard conserve son poste de présidente du directoire de Geodis.
Côté Réseau, on le sait depuis quelques jours, Luc Lallemand doit remplacer Patrick Jeantet attendu chez Keolis. Le choix de l’actuel patron d’infrabel, « un professionnel qui a réussi dans son pays et un Européen qui va nous permettre d’élargir notre champs de vision», a été co-décidé, explique Jean-Pierre Farandou, par lui-même et par le gouvernement, même si ce dernier a fait appel à un cabinet de chasseurs de tête. On attend désormais l’avis de l’Autorité de régulation des Transports. On sait aussi depuis quelques semaines que la filiale de Réseau, la SA Gares & Connexions, attend sa nouvelle directrice générale Marlène Dolveck, dont le profil financier inquiète certains syndicalistes sur une ouverture possible du capital à plus ou moins long terme.
La SNCF est désormais prête à se mettre en ordre de marche mais on regrettera qu’il y ait toujours aussi peu de femmes aux postes clés du groupe. Et finalement, ce jeu de chaises musicales ne permet ni un grand renouvellement ni de pousser des jeunes talents.
Marie-Hélène Poingt