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Le torchon brûle entre SNCF et régions

Publié le 03/02/2009 à 11h00

Depuis le début de l’année, la SNCF est soumise à un tir nourri des régions qui s’indignent : retards, suppressions de trains, manque de communication Le 9 janvier, le conseil régional de Basse-Normandie indiquait dans un communiqué qu’il ne s’acquitterait pas de sa facture mensuelle auprès de la SNCF en raison de l’aggravation des dysfonctionnements sur le réseau TER. Le même jour, l’Alsace déplorait les trop nombreux désagréments subis sur ses liaisons régionales et affirmait « bien comprendre le mécontentement des voyageurs ». Le 14 janvier, la région Rhône-Alpes s’y mettait à son tour, pour se féliciter d’avoir obtenu un geste commercial de la part de la SNCF pour les voyageurs ayant subi des retards et des suppressions de trains en novembre et décembre. Et le 16 janvier, c’était à la Lorraine de reprendre le flambeau pour se faire le porte-parole d’usagers se plaignant d’un « déficit d’information ». Dans un communiqué, le conseil régional rappelle qu’il a écrit à la SNCF quelques jours auparavant à propos « de la gestion des incidents survenus sur la ligne Nancy – Metz – Luxembourg entre le 6 et le 9 janvier ». Sur un ton comminatoire, son président, le socialiste Jean-Pierre Masseret, « exige que soient déterminées les causes structurelles ou conjoncturelles qui perturbent le fonctionnement du réseau Métrolor ».
Selon un porte-parole de la direction SNCF régionale, le taux de ponctualité des trains en Lorraine fait partie des meilleurs de France. Ironie du hasard, la date de publication du communiqué lorrain arrive une semaine où la ponctualité a atteint un niveau exceptionnellement élevé : 96 %. Il y a eu certes des perturbations importantes sur la ligne Nancy – Metz – Luxembourg, mais elles ont eu lieu particulièrement sur une journée, le 6 janvier, à cause de « la sensibilité électronique de nouveaux matériels TER 2N », dont certains sont restés à quai. Les mécaniciens ont fini par trouver un moyen pour faire repartir les machines. « Cette multitude de petits incidents nous donne l’impression que la SNCF est toujours sur le fil du rasoir. Comme si elle manquait d’anticipation, de moyens, de personnel », insiste Patrick Hatzig, le vice-président communiste chargé des infrastructures et des transports au conseil régional de Lorraine.
Certains observateurs voient des raisons politiques à ces remontrances publiques. Les élections régionales, qui auront lieu dans un peu plus d’un an, se préparent longtemps à l’avance. Selon eux, les élus anticipent et se positionnent pour montrer aux voyageurs qu’ils entendent leurs récriminations et qu’ils haussent la voix vis-à-vis de la SNCF.
Mais, pour l’Association des régions de France (ARF), l’hypersensibilité des élus à ces questions s’explique simplement par une vigilance accrue vis-à-vis du respect des engagements de la SNCF actés dans les contrats de convention, dont la plupart viennent d’être renouvelés. « Les élus sont devenus plus exigeants sur la qualité de service. Ils ont des tableaux de bord qu’ils suivent régulièrement », rappelle-t-on à l’association. C’est aussi le sentiment de Claude Solard, le directeur du TER à SNCF Proximités. « Les exigences des collectivités locales sont plus fortes. Les régions ont raison d’attirer notre attention sur ce qui s’est passé au début de l’année. Entre le 4 et le 11 janvier, le taux de régularité a chuté à 86,5 % contre 90,7 % en moyenne sur 2008, du fait des intempéries. Je comprends que cela ne soit pas supportable, ni pour les régions ni pour les clients. Nous remobilisons notre dispositif “Nouvelle dynamique de proximité”, grâce auquel plus de 50 millions d’euros ont été investis en 2008. » Pour le directeur du TER, il n’y a aucune raison de fond pour que la ponctualité des trains ne soit pas meilleure cette année.
 

Marie-Hélène POINGT

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