Les wagons de Schenker Rail, rouillés par la crise
Une partie du matériel roulant de l?opérateur n?est plus en état de marche. Un casse-tête pour le numéro un européen du fret ferroviaire, qui n?est pas en mesure de répondre à toutes les demandes de transport qui lui sont adressées Il y a un an, DB Schenker Rail pensait avoir trouvé la parade à la crise : afin de contenir ses surcapacités, l’opérateur avait laissé à quai jusqu’à 35 000 wagons de fret. Aujourd’hui, alors que les carnets de commande se remplissent, ils sont progressivement remis en service. Seulement voilà : rien ne se passe comme prévu. Restés immobilisés pendant les longs mois d’un hiver très rigoureux, ces wagons et certaines locomotives sont attaqués par la rouille. Ce sont surtout les essieux et les cylindres de freins qui sont touchés. Des pièces sensibles, que la DB contrôle avec une attention toute particulière depuis la catastrophe de Viareggio. Conséquence de cette mauvaise surprise : la compagnie n’est pas en mesure de satisfaire toutes les demandes de transport qui lui sont adressées. Début avril, la DB a dû renoncer à faire circuler 180 wagons, faute de locomotive disponible. « Nous travaillons d’arrache-pied pour régler ce problème », confie un porte-parole. « Nous commençons à reprendre le contrôle de la situation. » Mais les réparations ne progressent pas toujours au rythme souhaité : les ateliers de la compagnie sont déjà très encombrés par les ICE, dont les fragiles essieux doivent être révisés dix fois plus souvent que prévu. Un casse-tête, alors que les clients de l’opérateur exigent davantage de flexibilité. Depuis le début de l’année, la demande de trains exceptionnels a explosé, pour atteindre « des niveaux historiques », affirme la compagnie. Rendus prudents par la récession, les industriels préfèrent commander des convois spéciaux plutôt que de s’engager à l’avance sur des liaisons régulières. « Cette tendance crée des problèmes d’organisation : il nous faut arranger toujours plus de transports la veille pour le lendemain », déplore un manager. Mais à Berlin personne ne songe vraiment à se plaindre. Ces difficultés sont plutôt perçues comme une « nouvelle positive » : le signe que l’activité est repartie pour de bon. Au premier trimestre, les activités de fret et de logistique ont bondi de 8 %. « Il y a quelques mois, nous pensions que la crise nous ferait perdre quatre ou cinq ans, analyse Rüdiger Grube, le patron de la DB. Aujourd’hui, il apparaît que nous retrouverons nos niveaux d’avant-récession dès 2013, en deux fois moins de temps que redouté. »
Antoine HEULARD
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt