A Lyon Part-Dieu, première tour de contrôle ferroviaire du réseau
Il aura fallu cinq ans depuis sa conception pour que soit mise en service, à Lyon, une commande centralisée qui permet une vision globale de tout ce qui se passe sur le réseau, comme dans le contrôle aérien Cinq ans de la conception à la mise en service, dix-huit mois de travaux, 500 millions d’euros d’investissement pour passer dans une nouvelle dimension. Le 14 juin à Lyon, la première « tour de contrôle ferroviaire » a été inaugurée par deux ministres, Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat chargé des Transports, et Michel Mercier, ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire. Outil à la pointe de la technologie informatique, cette commande centralisée du réseau Rhône-Alpes centralise et automatise la gestion des circulations sur le réseau. Associant qualité architecturale, design et ergonomie, le bâtiment de trois étages est imposant et doté en son « cerveau » d’une vaste salle de commande de plus de 650 m2.
C’est là qu’une quarantaine d’agents d’exploitation ont pris les commandes, le 20 juin, du poste d’aiguillage de Lyon-Part-Dieu. Pour commander la formation des itinéraires, assurer l’écoulement des circulations ferroviaires, chaque opérateur travaille sur un poste comprenant cinq à neuf écrans. Là, il peut visualiser la circulation des trains, les diverses alarmes…
Cette passation de pouvoir délicate a nécessité tout au long du week-end des 19 et 20 juin une modification considérable du plan de transport de la région Rhône-Alpes, affectant tout particulièrement les liaisons desservant Part-Dieu, ceci afin de libérer les voies de la gare.
Et ce n’est qu’un début. Après la Part-Dieu, la commande centralisée va intégrer, progressivement, la télécommande de deux postes de Lyon-Guillotière en mars 2011, puis Perrache et Vaise, en 2016, puis les autres postes de Rhône-Alpes. A l’horizon 2030, lorsque le champ d’action sera régional, quelque 280 agents auront rejoint la tour de contrôle du quartier Jean-Macé, dans le VIIe arrondissement.
L’inauguration lyonnaise n’est qu’une étape, « la première pierre d’un très grand projet », comme le note Hubert du Mesnil, président de Réseau ferré de France (RFF), qui a financé entièrement les 500 millions d’investissement sur le secteur lyonnais. Car, à l’horizon 2030, au-delà de la région, cette opération de centralisation et d’automatisation du système de gestion des circulations doit permettre de grouper dans 13 centres la commande des 1 500 postes d’aiguillage couvrant les 14 000 km de voies du réseau ferré national. Ces postes font appel à des technologies variées : mécanique, électrique, informatique… et certains datent du début du XXe siècle.
Autre handicap : la dispersion des acteurs sur le terrain complique la remontée des informations, ralentit l’exécution des décisions, fait perdre en réactivité. Débuter avec la région lyonnaise, disposant de l’un des réseaux français les plus compliqués, les plus enchevêtrés, c’est « un très bon test pour la suite », souligne encore Hubert du Mesnil. Point névralgique du réseau, carrefour européen, ce réseau voit passer 1 100 trains au quotidien, dont ceux de Grandes lignes desservant plus de 80 villes. De la nouvelle organisation on attend une amélioration de la régularité du trafic, de l’information des voyageurs, et davantage d’efficacité et de réactivité lorsque surviennent des incidents. Parce que, explique le président de RFF, « les agents pourront désormais avoir à eux seuls la vision de tout ce qui se passe sur le réseau. Au lieu d’avoir une circulation cloisonnée par petites entités et petites sections, toutes les informations sont concentrées au même endroit. On se rapproche beaucoup plus de ce qui se fait dans le contrôle aérien. »
Intérêt pour le voyageur ? Comme le résume Josiane Beaud, directrice régionale de la SNCF, « si vous avez des problèmes sur certaines voies, très rapidement, le système va se reconfigurer pour que les trains puissent passer par d’autres itinéraires. C’est un plus pour l’ensemble des voyageurs. »
Après Rhône-Alpes, c’est la commande centralisée du réseau Bourgogne-Franche-Comté qui sera mise en service, accompagnant la LGV Rhin-Rhône, fin 2011. « La modernisation de notre système ferroviaire est bien en marche », se réjouit Dominique Bussereau. « Cette commande centralisée va permettre de faire face à la croissance du trafic ferroviaire et d’atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement. » De quoi y mettre les grands moyens. « L’opération est financièrement lourde : plus de 5 milliards d’euros sur une vingtaine d’années », précise le secrétaire d’Etat qui ajoute : « Son coût sera toutefois équilibré par les importants gains de productivité que va permettre le déploiement de ce projet. » Ils sont estimés autour de 200 millions d’euros par an.
Pascal GRASSART
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt