C’est au groupe allemand Rethmann que Veolia, recentré sur l’eau et la propreté, va céder les 30 % de Transdev qu’il détenait encore. A ses côtés, la Caisse des Dépôts et consignations en détenait 70 %. Le groupe familial allemand va payer 330 millions d’euros pour acquérir ces 30 %. En ligne avec les 220 millions payés par la Caisse à Veolia pour monter de 50 à 70 % dans Transdev en 2016. Par ailleurs, Rethmann va apporter ses activités transports en Allemagne, en échange de 4 % d’actions. Ce qui portera la part de la CDC à 66 % et celle de Rethmann à 34 %.
Deux fonds d’investissement étaient en concurrence avec Rethmann pour devenir actionnaire de l’opérateur de transport public français, l’américain CVC Capital et Mobivia. Olivier Sichel, le directeur général adjoint de la Caisse des dépôts, a expliqué ce matin que le choix fait pour Veolia d’une grande entreprise familiale était une bonne nouvelle. « C’est le partenaire le plus à même d’assurer le développement de Transdev. C’est aussi un choix qui garantit son intégrité. Enfin, c’est un partenaire qui a l’habitude de travailler avec les collectivités locales », a-t-il souligné.
Transdev trouve aussi un partenaire de long terme, bien plus qu’avec un fonds d’investissement. De plus, l’entreprise retenue, qui réalise 14,4 milliards d’euros de chiffres d’affaires, présente dans les métiers de gestion des déchets (Remondis), de l’agroalimentaire (Saria) et de la logistique (Rhenus qui va prendre le nom de Transdev), n’est pas éloignée de Veolia, ce qui peut sembler aussi un facteur de stabilité. Rethmann sera aussi un allié de poids dans la conquête de marchés en Allemagne. D’ailleurs, Rethmann avait dès 2012 manifesté son intérêt pour Transdev, notamment du fait des activités du groupe français dans les transports publics en Allemagne. L’Allemagne qui représente 900 millions d’euros de chiffre d’affaires pour Rethmann, chiffre qui devrait dépasser le milliard l’an prochain.
« Nos deux actionnaires sont d’accord sur notre objectif qui est de devenir un véritable intégrateur de la mobilité », commente de son côté Thierry Mallet, qui affirme que l’arrivée d’un nouvel actionnaire « n’aura aucune conséquence sur le management« . Le groupe « franco-allemand », selon les termes du PDG de Transdev, veut « accélérer » son développement en France avec la double expertise acquise en Allemagne : celle des petites lignes ferroviaires exploitées par Rethmann (qui est aussi et surtout un opérateur de bus municipaux en Allemagne) et celle du réseau express régional (S-Bahn) géré par Transdev dans la région de Brême.
La France et l’Allemagne représenteront donc les deux marchés majeurs du groupe qui va aussi chercher à se développer à l’international. D’abord, en Europe Centrale (en Tchéquie où Transdev vient de faire son retour, en Slovaquie et en Pologne où pour le moment Transdev n’est pas présent), aux Pays-Bas et en Suède (où les deux entreprises sont présentes), et également au Portugal où Transdev gère quelques contrats. Les Etats-Unis et le Canada d’une part, et l’Australie et la Nouvelle-Zélande d’autre part font aussi partie des pays où le groupe espère gagner des contrats à l’avenir. « Enfin, nous verrons comment nous pouvons nous développer dans les pays asiatiques », complète Thierry Mallet, en citant tout particulièrement la Chine et la Thaïlande.
Mais avant, pour finaliser le nouvel actionnariat, il faudra obtenir l’aval des autorités de la concurrence de tous les pays où le groupe est présent. La Caisse des dépôts a bon espoir de le conclure avant la fin de l’année.
Le retrait définitif de Veolia signera alors la fin d’une longue histoire. Elle avait été marquée, en 2009, par une bataille franco-française, Keolis et Veolia étant à l’époque concurrents pour devenir le partenaire de Transdev et créer un champion français du transport public, à la suite de l’échec d’un précédent partenariat noué en 2002 entre Transdev et RATP.
Au bout du compte, Transdev s’est plutôt bien sorti d’une histoire erratique et le groupe, désendetté, a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 6,6 milliards d’euros et un bénéfice de 76 millions d’euros. Il s’attend cette année à une activité supérieure à sept milliards.
F. D. et M.-H. P.
Publié le 08/03/2018