Roissy - Picardie : le Val-d'Oise contre la Picardie
La commission particulière du débat public sur la liaison Roissy – Picardie a dressé le 23 septembre un bilan des réunions qui ont eu lieu entre le 14 avril et le 31 juillet Quelque 2 300 personnes ont participé au débat qui a vu les Picards s’opposer aux habitants du Val-d’Oise sur ce projet qui consiste à créer un barreau de 7 à 10 km au nord-est du Val-d’Oise, entre le réseau TGV de Roissy et la ligne classique Paris – Creil – Amiens.
« L’infrastructure est très attendue en Picardie, où il y a une quasi-unanimité des habitants, des élus, du monde économique… Les Picards, qui au fond connaissaient mal le projet il y a six mois, ont montré leur volonté forte qu’il soit réalisé », estime Claude Bernet, le président de la commission particulière.
Le projet doit permettre de rapprocher une large partie de la Picardie du réseau de lignes à grande vitesse. Entre les métropoles régionales et l’aéroport de Roissy, les temps de parcours pourraient être abaissés de 30 minutes en moyenne. Selon Claude Bernet, il a fallu simplement rassurer les habitants de Saint-Quentin, qui s’inquiétaient du sort de la gare Picardie, plus connue sous son surnom de « gare des Betteraves ». Ce qu’a fait la SNCF en assurant qu’elle ne serait pas remise en cause.
Côté Val-d’Oise, les élus se sont livrés à un tir nourri contre le Roissy – Picardie, qui menacerait selon eux un projet prioritaire à leurs yeux : la liaison entre les lignes B et D du RER, baptisée barreau de Gonesse, évoquée de longue date, mais qui n’avance pas. Les deux projets, desservant tous les deux l’aéroport de Roissy, seraient en concurrence, l’un desservant la plateforme par le nord, l’autre par le sud.
Jean-Vincent Placé, élu (Verts) chargé des Transports au conseil régional d’Ile-de-France, est venu affirmer que les deux projets étaient prioritaires aux yeux de la région. Il a assuré que les études du barreau de Gonesse devraient être achevées en 2013 pour que les travaux puissent être réalisés au prochain contrat de plan État-région, vers 2017 au plus tard. « Cette intervention a atténué les débats », relate Claude Bernet.
Sur fond de divergences, le débat a également porté sur le choix du tracé. Trois options étaient proposées pour la liaison Roissy – Picardie. Les Picards ont d’abord manifesté une préférence marquée pour le passage central car il leur semblait plus respectueux de l’environnement, plus court, et beaucoup moins cher. Mais il a été évidemment rejeté par les Valdoisiens et critiqué par des associations de défense de l’environnement, explique la commission particulière du débat public sur son site. « Au fur et à mesure, l’option sud a été soutenue par un nombre croissant d’intervenants », peut-on y lire. Quant à l’option au nord, elle semble définitivement écartée.
Certains intervenants se sont aussi interrogé sur les capacités d’accueil d’un trafic de type banlieue dans la gare TGV de Roissy. « Une fois arrivés à la gare de Roissy, comment les voyageurs rejoindront-ils leur lieu de travail sur ce site très dispersé ? », s’interroge Claude Bernet. Autant de questions auxquelles devra répondre le maître d’ouvrage, Réseau ferré de France, qui dispose de trois mois pour le faire.
Marie-Hélène POINGT
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt