La SNCF et la RATP vont enfin de nouveau être payées par IDFM, l’autorité organisatrice des transports en Ile-de-France. Depuis deux mois en effet, sa présidente, Valérie Pécresse, avait suspendu ses paiements estimant qu’elle n’avait pas à supporter les frais relevant des décisions prises par l’Etat pendant la crise sanitaire : les transports publics franciliens avaient continué à fonctionner, à la demande de l’Etat, alors qu’ils étaient quasi-vides. Ce qui s’était traduit par un trou financier évalué à 2,6 milliards d’euros selon IDFM (1,6 milliard de pertes sur les recettes passagers, un milliard sur le Versement mobilités).
Le 9 septembre, un protocole d’accord a été signé entre Valérie Pécresse et Jean Castex, le Premier ministre. Il prévoit une subvention pour couvrir les pertes du Versement mobilités. Une avance de 425 millions a déjà été versée le 7 septembre. L’Etat s’engage également à compenser les pertes de recettes voyageurs par une avance remboursable à taux zéro d’un montant compris entre 1,1 et 1,4 milliard. « Un montant prévisionnel sera versé à Ile-de-France Mobilités en décembre 2020, ajusté en 2021 au regard des pertes réellement constatées. Le remboursement de l’avance se fera sur 16 ans de manière très progressive grâce à la reprise du trafic et à la reprise économique post-Covid », indique IDFM dans un communiqué.
La SNCF et la RATP vont aussi contribuer à l’effort à hauteur de 10 %. «C’est prévu dans le cadre du contrat qui les lie à IDFM, en cas de pertes de recettes voyageurs », précise Valérie Pécresse. La facture représente quelque 140 millions d’euros, dont les deux tiers seront pris en charge par la RATP, l’autre tiers par la SNCF.
Valérie Pécresse qualifie cet accord « d’historique ». IDFM va devoir toutefois rembourser à l’Etat une bonne partie des pertes puisque le geste de l’Etat consiste en une avance remboursable sur le manque à gagner lié aux recettes. Mais, affirme l’élue, IDFM va retrouver de l’oxygène, en ne commençant à rembourser « que » 30 millions d’euros à l’Etat en 2023. « C’est une petite somme comparée au budget d’IDFM », souligne sa patronne. « Les vrais remboursements arriveront en 2028, à une période où nous aurons fini d’acheter tous les matériels roulants, y compris ceux du Grand Paris Express ». Et d’ajouter : « Notre but n’était pas d’échapper à nos responsabilités mais nous ne voulions pas augmenter le prix du pass Navigo ni renoncer à nos investissements ».
La présidente d’IDFM, également présidente de la région, s’est en effet engagée à ne pas augmenter les tarifs du Pass Navigo « pour la troisième année consécutive ». Et à ne pas freiner « les projets d’investissements indispensables ». Elle cite en particulier parmi « les urgences absolues » le système de pilotage automatique Nexteo sur les RER B et D, la poursuite de prolongement du RER E vers l’ouest et les nombreux projets de tramway et de bus en site propre.
M.-H. P.
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