C’est la question que se posent les dirigeants de l’entreprise ferroviaire intercommunale Inlandsbanan AB qui, il y a près de trois décennies, a repris l’infrastructure et l’exploitation de la « ligne de l’intérieur », un réseau de « petites lignes » totalisant près de 1 300 km entre le centre de la Suède et la Laponie. Des lignes qui, dans un pays où la totalité des lignes principales sont électrifiées, restent pour l’essentiel exploitées en traction diesel, tant pour les trains de voyageurs que pour le fret.
Côté voyageurs, des essais ont été menés pour remplacer le gazole par de l’huile végétale carburant (HVC). Et côté fret, un projet pilote a été lancé avec l’entreprise publique norvégienne d’énergie renouvelable Statkraft, qui vise à mettre en œuvre la pile à combustible (ici l’hydrogène) comme source d’énergie pour la traction des trains lourds.
Une comparaison préalable a été faite avec une électrification des voies ferrées du réseau Inlandsbanan (entièrement à voie unique), chiffrée à quelque 10 milliards de couronnes suédoises (près d’un milliard d’euros). Un tel investissement n’étant pas jugé crédible à court ou moyen terme par Inlandsbanan AB, l’entreprise intercommunale s’est intéressée aux essais de « trains à hydrogène » en cours en Allemagne ou à l’étude en Grande-Bretagne. Et si ces essais concernent le transport de voyageurs, l’entreprise suédoise s’est tout de suite intéressée à la possibilité de mettre en œuvre la pile à combustible pour des trains plus lourds, en remplacement des actuelles locomotives diesel-électriques, tout en en gardant les avantages en termes de robustesse et de fiabilité, l’alimentation par caténaires n’étant pas exemptes d’incidents… De plus, le réseau Inlandsbanan dessert le piémont oriental de la Chaîne scandinave, où la production d’électricité hydraulique ou éolienne est « surabondante » par rapport à la consommation, d’où l’intérêt de stocker ce surplus d’énergie sous forme d’hydrogène.
Faisant suite à une réfection (bien nécessaire) des voies du réseau Inlandsbanan, ce projet de « locomotive à hydrogène » devrait devenir réalité « dans les prochaines années », avec une étude de faisabilité d’ici 2021.
P. L.