Effacer les effets de la crue en Ile-de-France juste à temps pour l’Euro…
13 Juin 2016
Mis à jour le 23 mai 2017
La veille du match inaugural du Championnat d’Europe de football, deux lignes franciliennes étaient encore coupées suite aux intempéries. Le jour J, seule subsistait la coupure du RER D entre Melun et Corbeil. On ne peut pas dire que la remise en état des voies ferrées touchées par les intempéries de fin mai et début juin dans le bassin parisien ait traîné. A peine plus d’une semaine après la décision d’interrompre la desserte de la traversée parisienne du RER C, le long de la Seine en crue, ce tronçon était remis en service le 10 juin, journée inaugurale de l’Euro 2016. La veille encore, les équipes de SNCF Réseau s’affairaient à y remettre la voie en état. La branche du RER D entre Melun et Corbeil a été la dernière à rouvrir, le 13 juin, alors que les autres sections coupées depuis fin mai, tant par les inondations qu’à titre préventif, avaient été rendues au trafic, parfois en mode dégradé. Y compris dans la vallée du Loing, sur la ligne Paris – Clermont-Ferrand, avec des temps de parcours rallongés de dix minutes.
Pour y parvenir, des moyens considérables ont été mis en œuvre. Dans les tranchées et souterrains du RER C à Paris, les équipes se sont relayées en 3 x 8 pour assurer le pompage, vidant quelque 10 000 m3 – soit l’équivalent de trois piscines olympiques – par heure. L’affaire a toutefois commencé par une complication : « alors que le niveau de la Seine commençait à baisser, ce week-end, la nappe phréatique continuait de monter », précise Daniel Gardeux, directeur Paris Rive Gauche SNCF Réseau chargé de la Maintenance. « La bataille contre l’eau a été gagnée dans la nuit du 7 au 8 juin », indique Didier Bense, directeur général Réseau Ile-de-France, alors que seules subsistent des flaques d’eau résiduelles sur la voie du RER C, qu’elle soit posée sur béton ou sur ballast. Reste alors à traiter la géométrie de la voie et à reconnecter les équipements électriques (moteurs d’aiguilles), qui avaient été déposés durant la crue. Une centaine d’agents Réseau se sont attelés à la tâche dès le 6 juin, en 3 x 8 : après vérifications et passage du train de mesures, quelques reprises de nivellement ont été faites sur la voie par bourrage manuel.
Si la traversée parisienne du RER C a concentré l’intérêt des médias, elle a aussi concentré les moyens, tant humains – « plus de 800 volontaires étaient présents sur cette ligne, sur un total de 1 500 en Ile-de-France », selon Alain Krakovitch, directeur général de SNCF Transilien – que matériels – « plus de 700 documents différents ont été imprimés ces derniers jours, à destination des voyageurs mais aussi des agents ». Alain Krakovitch ajoute que « la fréquentation du blog du RER C a été en quelques jours équivalente à celle d’un mois, c’est-à-dire multipliée par six ». Si le directeur de Transilien annonce le retour rapide à une situation qu’il qualifie de « normale », c’est-à-dire « avec 50 % des trains, dans le cadre du mouvement de grève qui continue », « le travail n’est pas terminé : 20 % des trains de la ligne ont été "piégés" par les inondations et il faut les ramener aux centres de maintenance pour s’assurer qu’ils puissent circuler en toute sécurité ». Précisions que ces trains n’ont pas séjourné sous l’eau, dont la profondeur n’a pas excédé « 20 ou 30 cm sur les rails du RER C à Paris », selon Didier Bense. En revanche, « dans les gares, il y a eu jusqu’à 60 cm, comme ici à Invalides », ajoute Alain Krakovitch, qui donne la priorité à la remise en service des équipements, dont l’élévatique (ascenseurs et escaliers roulants). Ce dernier estime qu’au total, « le coût de l’inondation s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros pour la SNCF ».
Et après ? « Il faudra surveiller dans la durée les ouvrages en terre », selon Didier Bense. Si toutes les lignes sont rétablies, toutes les voies ne le sont pas toujours, ce qui entraîne des problèmes de capacité (autour de Rambouillet, par exemple). De plus, il est possible que cette crue tardive ait des conséquences sur les travaux programmés pour l’été 2016 sur le RER C, dont les préparatifs avaient déjà commencé. Des travaux qui prennent le relais des opérations « Castor » qui se sont succédé chaque été depuis deux décennies sur la traversée parisienne et ont fortement contribué à renforcer la stabilité de la voie par injection de béton sous cette dernière. C’est ainsi qu’il n’a plus été nécessaire de garer sur les voies du RER C des trains lestés pendant les inondations, comme on le faisait lors des grandes crues hivernales des années 1980…
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