Transdev affiche un bilan 2018 contrasté
Mis à jour le 05 juillet 2019
Une année en demi-teinte, marquée par une hausse de l’activité (+2,7 % à 6,9 milliards d’euros) mais une perte de 96 millions d’euros. C’est ce qui ressort du bilan 2018 dressé le 2 avril par Thierry Mallet. Côté positif, de beaux contrats ont été gagnés à l’international représentant un gain de 3,5 milliards d’euros. Ce sont les contrats remportés pour exploiter le réseau des trains régionaux de Hanovre pendant 12 ans pour 1,5 milliard d’euros, le tramway à Parramatta en Australie (330 millions d’euros) ou encore les bus et ferries à Stockholm (Suède), le bus à haut niveau de service TransMilenio et le téléphérique à Bogotá (Colombie). Ils vont permettre de tirer l’activité pendant plusieurs années.
En revanche, en France, « les résultats n’ont pas été à la hauteur de mes attentes », reconnaît le PDG de Transdev. L’opérateur a conservé les réseaux de Mulhouse ou Arles et gagné celui de Nîmes, mais la perte de contrats historiques, en particulier Nancy, puis l’échec de CDG Express ont été durement ressentis. D’où la décision de revoir l’organisation en donnant plus de poids aux dirigeants régionaux et de mettre aux manettes une nouvelle équipe avec l’arrivée d’Edouard Hénaut au poste de directeur général France et de Bruno Charrade, directeur général de la zone internationale.
L’année 2018 a aussi été marquée à la fois par l’arrivée d’un nouvel actionnaire, l’allemand Rethmann, et par un changement stratégique : l’abandon des activités B to C. L’activité de navettes d’aéroports et de taxis a été cédée aux Etats-Unis et les cars longue distance vendus en Europe. Ce qui a nécessité de passer une provision importante : 150 millions d’euros “car nos marques n’étaient pas valorisées par les repreneurs“, explique Thierry Mallet. Et ce qui a eu un impact important sur le résultat du groupe. Se sont ajoutées des difficultés opérationnelles sur les marchés américain et néerlandais. Quant à l’endettement, il reste stable à 530 millions d’euros, alors que 400 millions d’euros ont été investis, rappelle toutefois le patron de Transdev. Selon lui, les résultats du groupe sont “robustes“.
Désormais, Transdev se prépare à la concurrence en France, que ce soit dans les TER, dans les TET, ou en Ile-de-France. Dans la région francilienne, des contrats d’1,2 milliard d’euros vont être ouverts à la compétition dans les deux ou trois ans qui viennent, à commencer par le T9 (qui fera partie du premier des lots ouverts à la concurrence parmi la quarantaine de lots Optile en Grande couronne). « Notre souhait, c’est que la concurrence soit saine« , insiste Thierry Mallet.
Dans le ferroviaire, il reste encore à peaufiner les conditions d’ouverture à la concurrence. Le PDG de Transdev sera « très « vigilant« , indique-t-il. Parmi les questions à régler, il souhaite des dépôts de maintenance dédiés. «Je n’envisage pas de confier la maintenance des trains à la SNCF. Pour moi, c’est vital. Construire un dépôt ne coûte pas très cher et est fondamental dans notre organisation du travail. Sinon, nous ne pourrons pas baisser nos coûts comme nous le faisons en Allemagne », précise-t-il.
Pour mieux préparer à l’ouverture à la concurrence en Ile-de-France et dans les TER, Brice Bohuon (ancien directeur général de la Commission de régulation de l’énergie, qui a aussi fait un passage chez Transilien) a été nommé directeur général adjoint chargé spécifiquement de travailler sur ces questions.
L’activité à l’international, qui représente 61 % du chiffre d’affaires, est aussi appelée à accélérer. Parmi les projets de développement, Transdev s’est positionné sur le métro de Bogota. En Europe, l’opérateur de transport public espère notamment voir renouvelé son contrat d’exploitation du réseau de trains de Brême en Allemagne. En Suède, il est candidat à la poursuite de l’exploitation des trains de l’Oresund et en Irlande, il a remis une offre pour le tramway de Dublin.
En Asie, où le groupe a créé une joint-venture créée avec RATP Dev pour conquérir des marchés, le partenariat est remis en question. « On ne peut pas dire que ce soit un franc succès », confie Thierry Mallet qui est plutôt partisan d’une alliance au cas par cas. Transdev veut être présent en Asie, premier marché du monde, et rappelle qu’il est préqualifié pour le métro de Changsha. Avec cette stratégie, souligne Marcos Garcia, le directeur financier du groupe, la part de la France dans l’activité va reculer et devrait représenter à l’avenir autour 30 % contre 39 % aujourd’hui.
Marie-Hélène Poingt