Le PS veut remettre l’Etat aux commandes des transports
Le Parti socialiste dispose d’un socle de propositions et d’idées pour le secteur de la mobilité. Cet officieux « programme transports » se trouve dans un rapport – pour l’heure inédit – du secrétaire national aux transports du PS, Bernard Soulage, dont VR&T a eu copie, et dans les propositions issues du « Forum des idées sur les biens communs partagés et services essentiels », publié le 4 mai. A un an des élections présidentielles de 2012, le PS est loin d’avoir un candidat, mais il a déjà son credo pour les transports : le refus de poursuivre un glissement jugé incontrôlé vers le secteur privé faute de volontarisme politique. « Il faut un retour de la gouvernance publique. Confronté à une carence de moyens, l’Etat a démissionné », acte Bernard Soulage, le secrétaire national aux transports.
Plutôt que d’évaluer l’activité des entreprises publiques de transport « sur la base du seul critère de la rentabilité financière » et d’envisager l’ouverture à la concurrence dans le ferroviaire comme la solution, le PS veut réformer la gouvernance et l’organisation du secteur. En commençant par un possible retour sur la séparation SNCF-RFF, qui « complexifie le système », juge Bernard Soulage. « Les Allemands ont fait valoir leur modèle à Bruxelles, plus rien n’oblige à conserver cette séparation en France », assure le secrétaire national.
Le PS plaide pour une nouvelle vague de décentralisations, accompagnée de moyens nouveaux pour les collectivités concernées. A la clé, un possible transfert de compétences d’une partie de leur réseau ferré aux régions qui le souhaitent, et une gouvernance repensée autour d’autorités organisatrice de mobilité durables (AOMD).
Sur le financement, le PS a quelques idées. Pour le ferroviaire, l’objectif est de « résorber au plus vite la dette de RFF » et « en urgence procéder à l’entretien du réseau ferré et offrir des réponses aux besoins en nouvelles infrastructures d’ores et déjà identifiés ». Bernard Soulage le dit sans ambages : « Nous reverrons le Snit. Ce n’est pas la bonne manière de procéder, ce n’est pas non plus réaliste. Nous voulons annoncer des objectifs crédibles. »
En matière de transports urbains, tout en reconnaissant que le sous-financement du réseau de transport public en Ile-de-France depuis vingt ans doit être rattrapé, le PS estime qu’il faut « rééquilibrer le soutien financier de l’Etat entre la région parisienne et la province ».
Pour financer les infrastructures, sans les revenus des autoroutes, le PS imagine mettre en place de nouveaux mécanismes de financement provenant du système de transport lui-même (entre autres, une eurovignette 3, la décentralisation de la politique du stationnement, l’extension géographique du versement transport, la taxation des plus-values immobilières ou les constructions de bureaux).
Le PS veut que l’Etat soit un maître d’ouvrage unique dans ses grands projets, via une agence française des infrastructures terrestres regroupant tous les modes de transport. Il plaide aussi pour que les structures de financement (l’Afitf notamment) soient refondues dans le pôle France financement infrastructure chapeautant toutes les industries de réseau. Enfin, par une révision des documents d’urbanisme et de transport, le PS veut faire sauter les cloisons entre ces deux mondes et veiller à ne plus lancer de grandes opérations d’urbanisme sans dessertes en transports collectifs.
Guillaume LEBORGNE
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Encadré
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Une carte multimodale pour le train, le tram, le parking, le vélo… et le plein d’essence !
Le PS veut créer une carte multimodale intégrant abonnements et réductions pour tout type de mobilité et de transports publics nationaux et locaux, ainsi que des réductions sur d’autres services. S’ajouterait un certain volume annuel de carburant, « à prix détaxé », pour « les besoins vitaux » pour lesquels l’automobile est pertinente. Ce passe facilitant l’utilisation des différents transports allierait les avantages d’une carte de réduction et d’une carte de paiement. « L’objectif est que tout le monde puisse se déplacer. Nous ne sommes pas contre la mobilité, nous pensons qu’elle est un facteur d’autonomie et de liberté. Nous voulons promouvoir tous les modes, sauf l’usage inutile individuel de la voiture », explique Bernard Soulage.