Alors qu’actuellement le niveau de fréquentation des réseaux urbains de province atteint en moyenne 50 %, les perspectives ne semblent pas permettre d’espérer avant longtemps un retour à un trafic normal : selon une enquête réalisée par l’institut d’études MV2, 17 % des personnes interrogées n’envisageraient pas de reprendre les transports en commun à court ou moyen terme. « Avec MV2, nous avons réalisé trois vagues de mesures sur les intentions des personnes sondées : une début mai, une fin mai et une mi-juin. Fin mai, 20 % n’envisageaient pas de réutiliser les transports publics. Elles ne sont plus que 17 % aujourd’hui », relativise Xavier Aymonod, le directeur Clients Voyageurs de Transdev, qui a participé à l’enquête.
Autre question intéressante : les sondés sont-ils prêts à emprunter les transports publics aussi souvent ? Si juste après le déconfinement, 18 % répondaient moins souvent (66 % toujours pareil et 16 % plus souvent), ils étaient toujours 19 % dans ce cas à la mi-juin. Les craintes exprimées sont toujours les mêmes : peur d’être contaminés et crainte de non-respect des distances physiques.
Pourtant, les sondés se disent plutôt satisfaits ou satisfaits à 92 % à propos des mesures de sécurité sanitaire mises en place dans les transports en commun (très satisfaits 23 %). « Il y a donc toujours une crainte mais le niveau s’améliore », commente Xavier Aymonod.
A ces craintes s’ajoutent les nouveaux comportements liés au télétravail qui s’est développé et au chômage qui devrait bondir. Le risque de perdre pendant un bon moment entre 10 et 20 % du trafic selon les réseaux est réel. Ce qui pourrait inciter les autorités organisatrices des mobilités, dont les finances publiques sont déjà exsangues, à revoir leurs plans de transport, voire à les abaisser.
Si on assiste aujourd’hui à une ruée sur les vélos et à la multiplication des pistes cyclables dans des villes de toutes tailles, on voit surtout les voitures se réapproprier les routes. « Le retour à la voiture a été deux fois plus vite que celui aux transports publics. On est quasiment au même niveau qu’avant la crise », rappelle Xavier Aymonod. Inquiétant alors que bon nombre de nos concitoyens ont réduit leurs déplacements.
M.-H. P.