Keolis poursuit sa croissance mais à un rythme plus modéré
24 Mar 2017
Mis à jour le 01 juin 2017
L’activité de l’exploitant a moins progressé que lors de la décennie précédente. Cette année encore, des contrats importants sont remis en jeu. En 2016, l’activité de Keolis a progressé plus lentement que les années précédentes à +1,2 % (5,1 milliards d’euros) alors que la tendance de la dernière décennie approchait plutôt en moyenne +10 % chaque année (+12 % en 2015). « L’activité dépend beaucoup des contrats gagnés », a rappelé Jean-Pierre Farandou, le 14 mars, en présentant les résultats de son groupe. « Mais la rentabilité a bien progressé : elle est quatre fois et demie plus forte que la croissance du chiffre d’affaires », a ajouté le président de la filiale de transport public de la SNCF. Le résultat net de 45 millions d’euros (33 millions en 2015) montre que les marges sont faibles dans le secteur.
2016 a toutefois été marquée par le gain de beaux contrats : à l’international d’abord avec le contrat remporté pour exploiter et maintenir le réseau de tramway de Manchester au Royaume-Uni dans le cadre d’une joint-venture avec Amey. Ou encore le gain du premier contrat multimodal d’Australie à Newcastle pour 12 ans, l’exploitation du train de banlieue S-Bahn Rhein-Ruhr en Allemagne ou des contrats de bus aux Pays-Bas (Utrecht et Almere dans la banlieue d’Amsterdam) et en Suède ainsi que l’extension du tram de Bergen en Norvège. En revanche, l’exploitation des trains de banlieue à Boston génère toujours des pertes (pas dévoilées pour 2016, mais évaluées à 29,6 millions de dollars en 2015) mais la direction affirme que le retour à l’équilibre approche : il est maintenant prévu pour la mi-2018 alors que le contrat court jusqu’à la fin 2022.
En France, l’activité a permis d’engranger 800 millions d’euros de chiffre d’affaires avec le renouvellement de nombreux contrats, dont celui de Lyon, le plus important dans le pays (2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pendant six ans) et qui est « la vitrine de tous les savoirs faire de Keolis », souligne Frédéric Baverez, le directeur général France du groupe.
Le contrat gagné à Dijon (photo ci-dessus) est également emblématique car il représente la « première DSP globale lancée en France, englobant l’ensemble des services de la mobilité ». Outre le transport public, il comprend la location de vélos, le stationnement en surface et en souterrain et la fourrière. Keolis a aussi été reconduit à Laval, Narbonne et Chantilly pour n’en citer que quelques-uns. Globalement, l’exploitant note une hausse de la fréquentation de 1,6 % et une hausse des recettes commerciales de 3,9 % sur les réseaux urbains.
Les perspectives 2017 s’inscrivent sur la même tendance que 2016 : 770 millions d’euros d’activités devraient être remis en jeu sur le marché français urbain. Cinq grands contrats sont en renouvellement : Lille, qui donne lieu à une concurrence féroce avec Transdev et pour lequel les oraux ont débuté, mais aussi Rennes, Caen, Amiens et Lorient.
L’Ile-de-France sera aussi tout particulièrement regardée, avec le lancement du tram-train T11 Express, un contrat confié par la SNCF à sa filiale au grand dam de syndicats de cheminots. Sur le long terme, le potentiel de développement est prometteur avec le Grand Paris et les futurs appels d’offres pour l’exploitation des tramways T9, T10 et CDG Express qui devraient donner lieu à des combats fratricides avec la RATP et Transdev. Avec une variante pour CDG Express pour lequel Keolis et La RATP se sont alliés, Keolis étant le mandataire du groupement.
Mais c’est surtout à l’international (qui représente désormais 43 % de l’activité) que Keolis peut espérer renforcer ses marges, celles-ci n’étant pas très élevées en France. « Si on gagne un des deux gros contrats au Moyen-Orient, cela peut aider… », commente Jean-Pierre Farandou. En ligne de mire, les résultats des appels d’offres pour les métros de Doha et de Ryad attendus en mai ou en juin. M.-H. P