Les navettes autonomes s’essaient au « platooning » dans le bois de Vincennes
17 Nov 2017
Ile-de-France , Paris , France , Ile-de-France Mobilités , RATP , Automatisation , Bus électrique , Electromobilité , Innovations & Technologie
© Patrick Laval
Mis à jour le 20 novembre 2017
Le platooning ? Ce terme tiré de l’anglais platoon, peloton, désigne la capacité à faire circuler en convoi des véhicules, à coutre distance les uns des autres. C’est ce mode d’exploitation qui est en vigueur sur la nouvelle navette autonome lancée par la RATP, Ile-de-France Mobilités et la Ville de Paris pour un an d’essais entre la station de métro Château-de-Vincennes et un carrefour à l’orée du bois de Vincennes. Soit un parcours de 500 m entre le terminus de la ligne 1, avec gare routière, et le voisinage du Parc Floral de Paris, qui accueille plus d’un million de visiteurs par an lors des congrès et salons. Proposé du vendredi au dimanche, de 10h à 20h, la recharge électrique des véhicules se faisant de nuit, ce service gratuit a été inauguré le 17 novembre en présence de Catherine Guillouard, PDG du groupe RATP, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, et Anne Hidalgo, maire de Paris.
Officiellement, c’est pour répondre aux pics d’affluence, que les deux navettes autonomes Easymile EZ10 de six places assises (en nouvelle livrée Ile-de-France Mobilités) pratiqueront le platooning, l’objectif à terme étant de « pouvoir opérer un nombre de navettes autonomes adapté à l’affluence de passagers ». Mais ce nouveau mode d’exploitation a aussi été retenu pour des raisons pratiques : comme les essais précédents en Ile-de-France (Pont Charles-de-Gaulle par la RATP avec véhicule Easymile et esplanade de La Défense par Keolis avec Navya), l’expérimentation de Vincennes doit se faire en milieu « fermé ». Ce qui a été réalisé ici en isolant physiquement une file du cours des Maréchaux, sur laquelle les croisements ne sont pas envisageables. Toutefois, un pas a été franchi par cette expérimentation vers l’évolution de véhicules autonomes dans des milieux plus « ouverts ». « Pour la première fois, on franchit à Paris un feu rouge », annonce Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris et maire du XIIe arrondissement, où se déroule l’essai. Mais cette « première insertion urbaine », comme la qualifie Catherine Guillouard, est assez timide : le seul trafic automobile que croisent les nouvelles navettes est celui qui entre et sort du Fort Neuf de Vincennes. Un domaine militaire aux portes duquel les navettes marquent un arrêt intermédiaire, à mi-course environ.
Outre le transport des « visiteurs fatigués ou avec des paquets », pour reprendre les termes de Valérie Pécresse, ces navettes permettront de recueillir les retours des voyageurs autour du service (assuré avec un agent RATP à bord, qui ferme les portes), mais aussi de tester « l’acceptabilité des véhicules autonomes par les joggers du bois de Vincennes », ajoute Stéphane Beaudet, vice-président de la région chargé des Transports.
De plus, la desserte lancée en novembre est appelée à être rallongée, selon Catherine Guillouard : « A terme, le parcours fera 4 km, du Château de Vincennes à la Cartoucherie ». En attendant, « dans les semaines à venir », le groupe RATP a annoncé qu’il lancerait également une desserte interne du site du CEA sur le plateau de Saclay avec deux autres navettes autonomes. Et les demandes de dessertes de sites ne manquent pas dans la région, assure Valérie Pécresse.
Pour la RATP, la conduite autonome ne se limite pas aux navettes pour les territoires peu denses, à faibles flux, ou les premiers et derniers kilomètres… Catherine Guillouard a en effet profité de l’inauguration des navettes de Vincennes pour rappeler le concept de « garage intelligent » sur lequel travaille son groupe. On connaissait depuis le printemps les tramways de la ligne T7 qui « se garent tous seuls » dans leur site de maintenance et de remisage ; c’est maintenant au tour des autobus de le faire, dans le centre-bus de Lagny. Avec dans ce dernier cas pour objectifs annoncés d’optimiser la place disponible et de gagner du temps. Même si l’on reste ici hors de la voirie publique, on peut bien commencer à se demander si le bus de demain aura encore un chauffeur.
P. L.